« Les français ne savent pas échouer ». « De toutes façons en France, dès qu’on échoue, on devient pestiférée. » « Le problème avec les entreprises en France, c’est qu’elles ne donnent jamais leur chance aux débutants. Elles veulent des moutons et pas des profils originaux. »
Toutes ces phrases qu’on se répète à longueur de journée (tiens, encore une pour la route « les français adorent se plaindre, mais ils ne font jamais rien pour changer ») sont vraiment de purs sacs à merde.
Ce sont d’innocentes généralités qu’on s’envoie gentiment entre la pause café de 10h30 et la séance de mauvaise langue sur les clients du déjeuner. Tout ça pour dire que, ah, on aimerait bien bouger, réaliser ses rêves, monter son entreprise ou faire fructifier celle que l’on a, mais la France c’est vraiment pas le pays pour ça.
On passe des heures à égrener nos bonnes raisons et nos grosses trouilles pour justifier de ne pas bouger, parce que aïe, ouille, l’échec c’est trop cuisant. Mais ce ne sont que des excuses. Bien sûr, vous pouvez passer toute une vie confortablement installée au fond d’un canapé à ressasser les raisons pour lesquelles vous ne vous êtes jamais lancée, les 10.000 arguments pour montrer que votre projet se serait planté de toutes façons.
Ou alors, vous pouvez reconnaître que si vous aviez été aussi frileuse depuis la naissance, vous n’auriez probablement jamais appris à marcher par peur de vous ridiculiser en tombant sur les fesses. Jamais grimpé sur un arbre par trouille de tomber. Jamais embrassé votre premier amour parce que ça fait mal quand ça se termine.
En fait quand j’entends les français se plaindre, je me dis souvent que si on regarde les choses en face, il faut reconnaître qu’on vit dans les parties les plus privilégiées du monde, de très loin. Je ne dis pas ça pour rosir le tableau ni pour culpabiliser qui que ce soit. Mais c’est un fait que niveau sécurité, parachute de secours et trampoline pour se réceptionner, on n’est plutôt pas mal lottis. Alors pourquoi on ne saute pas?
Je ne dis pas que l’échec n’existe pas, je ne vais pas vous bercer de grandes paroles à la « il n’y a pas d’échec, seulement des leçons à tirer. » Oui, ça fait mal d’échouer, et oui il y a aussi des leçons à tirer. Mais tout ce que vous avez accompli jusqu’à aujourd’hui, tout ce dont vous êtes fière, les plus belles victoires et les souvenirs les plus colorés sont aussi des choses pour lesquelles vous avez su prendre un risque : partir à l’étranger, vivre une histoire d’amour, commencer à faire de la musique, du théâtre juste pour le plaisir, écrire ce roman dont vous rêviez, poursuivre votre passion et décider d’en vivre, etc…
J’ai passé plusieurs mois à interviewer des femmes qui ont décidé de tracer leur propre chemin et de suivre leurs règles du jeu, pour chercher ce qui leur avait permis de sortir des rangs et de créer leur propre aventure. Je peux vous le dire sans aucun doute : elles ont toutes eu peur. Elles ont toutes eu des doutes et décidé d’avancer quand même. Parfois, elles étaient au pied du mur et ne pouvaient pas faire autrement qu’avancer. D’autres fois elles avaient tellement envie de faire ce qu’elles aimaient que le reste n’avait pas à se mettre en travers de leur route, peu importe combien la route serait longue.
Je dis ça parce que ces rencontres m’ont fait réaliser quelque chose de fondamental : tout le monde a peur. Personne ne veut se mettre en danger. Mais ceux qui choisissent d’avancer malgré la peur sont ceux qui construisent les vies les plus passionnantes pour eux-mêmes, selon leurs propres critères du « passionnant » et pas ceux des autres ou des magazines.
La peur n’a pas à vous paralyser. Si vous apprenez à l’écouter, elle peut vous guider. Elle vous pointe souvent du doigt les choses que vous avez le plus envie de faire. Celles qui suscitent les plus grosses trouilles de l’échec, ou du succès. C’est là qu’il y a gros à déterrer. Ces chocottes là ne sont pas des barrières, ce sont des applaudissements à venir. Ce sont les traces qui vous mènent à votre liberté.
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