Depuis des mois, je pratique le progrès par petits ajouts, si petit qu’ils seraient faciles à rater. Le truc avec cette méthode, c’est qu’elle est d’une efficacité redoutable, mais elle a un gros défaut : c’est facile d’ignorer les petits progrès, et du coup de retourner dans ses anciennes habitudes ou de négliger les avancées puis de retourner à ses anciennes habitudes.

Tout changement est une rupture de loyauté par rapport à ce qui était là avant. Ça mobilise de l’énergie et ça demande d’augmenter aussi le soin et l’attention qu’on se porte.
Comme ça, le système se nourrit, il ne fait pas juste des changements sur de la volonté et de l’épuisement.

Voici les petits changements que j’ai mis en place depuis fin avril (je mets pas tout, mais c’est pour te donner une idée) :

I- Argent :

– J’ai installé une appli qui me donne le solde de mon compte courant tous les matins. Je dépense différemment depuis que j’ai ça, et surtout j’arrête de passer des heures à imaginer où j’en suis. Je sais. Point.

– J’ai installé une appli qui me permet de scanner et d’attribuer mes tickets en automatique dans ma compta. Pour affiner le système, je prends l’habitude de scanner les tickets tout de suite, et je rattrape petit à petit le retard des anciens tickets. C’est loin d’être parfait, mais c’est aussi le système le plus simple et efficace que j’aie mis en place jusqu’à aujourd’hui. Je continue de l’améliorer.

II – Productivité :

– Dès que je pense à une tâche à accomplir, soit je la fais de suite, soit je la mets dans mon gestionnaire de tâches. Pareil, je suis en expérimentation de ce côté là, mais je note que je stresse moins, parce que je suis au clair sur ce qui est prioritaire pour la période, je choisis, et du coup c’est plus simple et régulier.

– J’attribue 3 priorités pour chaque cycle de 90 jours, et je les écris dans mes cahiers chaque semaine à côté de mon plan pour la semaine. Même chose, un de mes désirs, c’est de faire de la place pour mon expression artistique, et pour le moment, c’est le truc qui passe toujours à la trappe, ce système me permet d’avoir un oeil sur ce à quoi je passe vraiment mon temps

III – Moi, mon leadership et mes talents :

– J’ai repris le sport, en l’occurrence la course. J’ai commencé par 1 minute de course, 2 minute de marche, pendant 20 minutes. Facile. Tellement que le plaisir était immédiat et j’ai continué. Aujourd’hui je suis allée courir 45 minutes avec une copine, et c’était génial, agréable et pour ce soir, facile (c’est pas toujours le cas, mais c’est devenu possible). Je suis inscrite pour mon premier semi-marathon en octobre. Les jours où je ne cours pas, je fais du yoga, je marche, et la course me manque dès que j’y vais pas plus de 2-3 jours d’affilée.

– Je suis inscrite à des cours de théâtre pour la rentrée.

– Mes rendez-vous de coaching sont calés jusqu’à milieu d’année prochaine

– Je mets en pratique ce que j’apprends tout de suite : dans ma boîte, dans mes coachings…

Bref : tout ça est loin d’être parfait, c’est le but ! Commencer, avancer, ajuster.

Le seul point de ces progrès c’est : qu’ils soient petits, mais réguliers, et soutenus dans le temps.

Ce qui ne veut pas dire que tu ne prends pas de temps pour les reconnaître et honorer ton désir de créer ta vie comme tu le veux, hors des conditionnements automatiques de ton inconscient.

C’est tentant de regarder à l’extérieur de toi et de faire des changements radicaux, de te mettre en mode ultime radinerie après des années à dépenser à tout va, ou de vouloir changer d’un coup toute ta relation avec les membres de ta famille. Sauf que c’est encore ton inconscient à l’œuvre. Un truc me plaît pas, Boom, je le dynamite et je pars dans l’extrême inverse. Tu gardes le même disque, tu changes juste de sens ou de face.
Personne ne t’attend avec une médaille à la fin, alors pourquoi tu as envie de faire ça ? Qu’est-ce qui va te faire kiffer ? Qu’est-ce que tu as envie de créer ? C’est ça, les obsessions qui devraient te guider, pas « est-ce que je vais avoir l’air bien sur la plage » ou même « est-ce que mon entreprise va rapporter plein de sous et m’amener de la réussite ». On a la chance incroyable d’être là, des univers entiers dans un corps mortel. On est littéralement faits pour être « heureux pour rien ». Les 1% pour moi, c’est ça.

Je ne lutte pas avec ce qui est là, je ne renverse pas la table, à la place je joue à créer ce que je veux.

Pour reprendre ce poème sublime de Fernando Pessoa :

« Lorsque viendra le printemps,
si je suis déjà mort,
les fleurs fleuriront de la même manière
et les arbres ne seront pas moins verts
qu’au printemps passé.
La réalité n’a pas besoin de moi.

J’éprouve une joie énorme
à la pensée que ma mort n’a aucune importance.

Si je savais que demain je dois mourir
et que le printemps est pour après-demain,
je serais content de ce qu’il soit pour après-demain.
Si c’est là son temps, quand viendrait-il sinon
en son temps ?
J’aime que tout soit réel et que tout soit précis ;
et je l’aime parce qu’il en serait ainsi, même
si je ne l’aimais pas.
C’est pourquoi, si je meurs sur-le-champ, je meurs content,
parce que tout est réel et tout est précis.

On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil.
On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour.
Je n’ai pas de préférences pour un temps où je ne pourrai plus avoir de préférences.
Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.

L.