S’adapter. Distinguer la facilité qui allège de celle qui enferme.
Je continue sur ma lancée d’hier, avec une nouvelle question : est-ce que ton système actuel est une prison cachée ? C’est facile de se laisser séduire par la mauvaise facilité, celle qui ne nourrit pas, celle qui démissionne. Tout est dans les nuances avec la facilité.
Dans les commentaires hier, j’ai vu passer cette suggestion : mais pourquoi ne pas faire un truc qui te fait plaisir plutôt que te mettre une misère à 6h du mat. Pour préciser : 6h du mat, ça n’existe pas dans mon monde, donc aucun risque de ce côté là. Ensuite, le type de sport que j’ai choisi (les circuits cardio + muscu en 20 minutes compactes et suantes), c’est justement ce que je préfère. Rien que d’écrire ça, ça me donne la patate. J’aime le sport qui me fait suer, où j’ai l’impression de sentir mes muscles se former en même temps que je saute dans tous les sens, j’adore l’intensité et même, honnêtement, la brutalité. La seule pratique sportive que j’ai gardée pendant 10 ans, c’était les arts martiaux. J’aime le combat dans le sport. Ça m’a pris un peu de temps d’accepter ça, je me disais que ce serait cool aussi d’essayer des sports ambiance féminin sacré, remuage de hanches et tout, mais en fait j’aime mettre des coups de lattes à des gens et les faire tomber, ou soulever des poids et sauter en maudissant la personne qui a inventé un mouvement aussi barbare.
Pour expérimenter le changement et commencer à me créer un cadre qui me plaît, je bosse sur 3 habitudes :
– Me lever à 8h30 maximum tous les jours
– Faire du sport tous les jours (matin ou soir)
– Eteindre mon téléphone quand je finis de bosser
Je vais surtout parler de la première aujourd’hui. Ça fait 3 ans et demi que j’ai quitté le salariat pour monter ma boîte. Quand j’ai commencé, j’avais un rejet total des horaires, des cadres, des obligations. J’ai tout fait pété, j’ai arrêté de mettre un réveil sauf pour les jours de rendez-vous, et mon rythme de sommeil s’est déréglé petit à petit, au point où maintenant j’ai l’impression de devoir reprendre tous les matins la décision de me lever, au lieu d’avoir l’automatisme de le faire quand le réveil sonne. Ce n’est pas que je n’ai pas envie de ce qui m’attend, c’est que je me laisse tellement le choix que du coup, chaque vibration du réveil me demande un processus conscient : « je me lève là ou dans 5 minutes ? » « Je me suis couchée tard ça me ferait peut être du bien de dormir plus » « Si je veux pouvoir faire ______ il faudrait que je me lève au plus tard à quelle heure ? ».
C’est épuisant, et ça crée un rapport très négatif aux matins : je me lève avec l’impression de devoir décider tous les jours ce qui va se passer le matin. J’ai des attentes mais qui ne sont pas formulées, et qui se transforment en déception quand je me lève un peu plus tard ou que je traîne. On est aux antipodes du bonheur que j’avais les premières années à me faire des grasses mats sauvages. Il est temps de changer.
Une de mes clientes qui suit un entraînement sportif rigoureux me disait « de toutes façons, je suis sûre que je vais m’entraîner, parce que je ne me laisserai pas l’option de ne pas le faire, c’est trop important pour moi ».
En entendant ça, je fais le constat que mon envie de liberté à tout prix dans mes matinées est devenue une autre forme de prison : au lieu d’évaluer ça à la lumière de ce qui est le mieux pour moi, j’ai construit un modèle en « contre ».
Si je me faisais chier au travail ou dans ma vie, ce serait une bonne occasion d’explorer ça, mais dans mon cas c’est l’inverse : j’adore ce que je fais, je considère mon travail comme mon art, et il y a plein de choses que j’ai envie de vivre : je veux donc avoir l’énergie pour ça. Ça passe par le fait de créer une hygiène de vie qui me permet de profiter et de créer sur le long terme. Oui, c’est pas rigolo comme mot « hygiène de vie », mais c’est grâce à elle que tu crées de la place pour tes désirs.
Dans mon cas, la rebellion contre les règles me coûte, elle m’empêche d’avoir le niveau d’énergie et d’enthousiasme que je vois dans tout ce que je fais.
Je ne me jette pas la pierre pour les trois dernières années, ça a fait partie de mon apprentissage. Déconstruire pour mieux comprendre ce que je garde et ce que j’arrête. Aujourd’hui je ne vois plus le cadre comme une prison mais comme un gros cadeau à moi-même, qui va accompagner et nourrir ce gros kif d’être Laure du matin au soir (même quand c’est chaud, c’est l’expérience d’être humaine, la version unique incarnée de toi sur cette terre. Boum).
Et le changement, même pour quelque chose de meilleur et de digéré, c’est difficile. Ça demande un effort de remettre en cause sa façon de faire. Ça demande un paquet de jours pour créer une nouvelle habitude dans le cerveau.
Ça fait partie du processus, et c’est bien d’être préparée : au début, un changement, c’est pas forcément super agréable. Il se peut que tu te sentes agacée, perdue, claquée. Parce que ça résiste à fond derrière.
Et ça c’est juste de l’or pour aller explorer qui tu es.
L.
PS : ces chroniques sont un peu spéciales pour moi, je n’ai jamais partagé quelque chose en cours, souvent j’attends d’avoir déjà franchi le cap et digéré les leçons pour en parler, mais je me suis dit que l’entrepreneuriat, c’est une école de la légèreté dans le chaos, et que ce serait rigolo de raconter cette aventure dans le monde des habitudes et de la création d’un cadre fun et motivant pour entamer mes journées d’Aventurières.
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