Est-ce que l’appétit vient en mangeant ?
Pour faire court : non.
Novembre, c’est le mois où, grâce au changement d’heure, tu peux commencer une petite sieste à 16h30 sur ton canapé, à la faveur d’un soleil paresseux chauffant mollement ton visage, pour te réveiller en sursaut en pleine nuit, la gueule en vrac, un filet de bave élégamment disposé sur la joue, en te disant :
« Putain quelle heure il est j’ai dormi combien de temps ? » Réponse : il est 17h30, tu n’as dormi qu’une heure mais le soleil s’est déjà BARRÉ DANS L’HÉMISPHÈRE SUD CE TRAITRE. (oui, je suis de celles qui grognent tous les ans contre le changement d’heure et postent des articles scientifiques sur Facebook pour expliquer pourquoi c’est une aberration biologique et économique).
C’est aussi le mois des couleurs d’automne, des premières raclettes et de Nanowrimo, alias le mois national de l’écriture de roman, où des milliers de gens dans le monde relèvent un challenge tous ensemble : écrire un bouquin en un mois, à raison de 1666 mots par jour.
Danser à poil au milieu d’une foule
L’écriture est un de ces exercices qui donnent l’impression de danser à poil devant un public muni de jumelles. On ne peut pas tricher. Mai on peut s’éclater, à condition d’oublier la salle, les jumelles, et de danser comme si on était seule au monde.
Pour me préparer, j’ai commencé à lire un bouquin sur l’art d’écrire de la fiction fantastique (toute excuse est bonne pour lire un bon livre, je vous ai mis les références en fin d’article). J’avais une ébauche d’histoire imaginée cet été, mi-aventure mi-comédie romantique, mais je trouvais le sujet pas assez sérieux, trop futile. J’avais honte en avance d’un roman même pas commencé. Je voulais mettre un peu de plomb dans l’aile à mon histoire.
Et puis au détour d’une page (la page 20 pour être exacte), je tombe sur cette phrase : « Ecris ce qui t’intéresse. (…) On peut toujours apprendre ce qu’on ne sait pas mais on ne peut pas feindre l’étincelle de la curiosité. »
Autrement dit :
Les compétences sans la passion t’éloignent de ton génie.
Si tu es douée pour un boulot qui ne te plaît pas, c’est le même dilemme. Faut-il passer son temps à faire quelque chose qui nous ennuie profondément mais qu’on fait bien ? Ou prendre le risque de se lancer dans autre chose pour lequel on ne sait même pas si on est douée ?
Il n’y a rien de plus gâché que de faire parfaitement quelque chose qui ne devrait pas être fait du tout. »
Angel et Mark (référence en fin d’article)
C’est une question difficile, parce qu’elle implique de défaire des décennies d’apprentissage. A l’école, autour de soi, on nous demande de faire les choses ‘parce que c’est comme ça’. Pas parce qu’on y prend du plaisir. Si tu es douée, on t’encourage. On te demande rarement si tu as envie de faire ça toute ta vie. Entre ce que tu aimes vraiment, ce que ton entourage trouve sérieux et intéressant, et les profs que tu rencontres et qui te donnent envie de t’acharner ou au contraire de tout lâcher, c’est facile de se retrouver dans une voie qui ne te ressemble pas, à bien faire un boulot qui ne t’inspire pas grand chose.
Tu peux les ignorer pendant un temps, mais tes passions ne te laisseront pas tranquille.
Il existe une voie médiane : trouve une façon d’incorporer ce qui te plaît, d’apprendre ce qui te passionne. Sans arrière-pensée, sans te demander si c’est sérieux, si ça pourrait faire vivre ta famille, si c’est utile. Fais le parce que ça te fait du bien, parce que ça te donne le sourire, parce que tu adores tellement que tu as envie d’en parler tout le temps. Fais-le parce que c’est important pour toi. Parce que c’est ‘ton truc’
Pas besoin de tout jeter par la fenêtre. Juste de faire de la place pour ce qui t’attire vraiment.
Alors me voilà partie, en plein mois de novembre, à rédiger un roman qui s’appelle ‘300 jours pour détruire Love’, que je compte bien terminer à temps. Je ne vous cacherai pas que j’ai presque 9000 mots de retard, mon compte de mots est donc désormais à 2000 par jour pour atteindre mes objectifs. Ce qui est faisable, mais pas simple. Disons que je m’accorde jusqu’au 14 décembre pour y arriver si jamais le monde se met en travers de mes plans.
Bien sûr dès que quelqu’un me parle de son propre projet de roman, une partie de moi se met à crier « Hannnnn c’est tellement brillant par rapport à toiiiiiii ». Mais tu connais bien cette voix. C’est celle qui te fait rester dans un job que tu n’aimes plus. Celle qui essaie de t’empêcher de prendre des risques et de commencer de nouvelles choses. Elle veut te protéger, c’est pas méchant.
Mais elle ment.
Références de l’article :
Wonderbook,Jeff Vandermeer
22 vérités dures à admettre qui vont vous réveiller d’un coup (en anglais) : http://www.marcandangel.com/2014/09/21/22-harsh-truths-that-will-jolt-you-awake/
Photos : Jeffrey Betts à http://mmt.li/
La question qui me prend la tête tous les 15 jours 😛 depuis toujours ! Arfff
Et la réponse ?
juste au moment où je me dis qu’en fait ce que j’aime le plus c’est écrire, mais la petite voix (en fait les petites voix, j’en ai plusieurs, tu peux les découvrir ici : http://entre-moi.com/liberee-delivree ) me disent que c’est pas sérieux et pas raisonnable et que c’est pas avec ça que je vais gagner ma vie, j’arrête pas de « tomber » sur des gens qui sont en train d’écrire un livre et qui me parle de nanowrimo. C’est quoi cette conspiration ??!!
Les dieux de l’Internet te paaaaaaarlent!!!
La question qu’on s’est tous déjà posé une fois dans la vie, nan je plaisante une fois toutes les demi-journées.
En tout cas la passion ne fait pas tout, j’ai découvert qu’une chose que l’on n’aime pas et où on excelle s’appelle une profession
Une chose que l’on aime et où on excelle s’appelle une passion et que le truc est de mélanger la passion, les compétences et la sainte mère « économie de marché » en tout cas tout est possible alors lance dans ton roman ! 🙂
Enjoy !
‘une chose que l’on n’aime pas et où on excelle s’appelle une profession’ ahahaha. Bon t’es un peu dur là, on peut quand même trouver une profession qui permette d’utiliser ses compétences et d’être intéressé par ce qu’on fait. Mais ça m’a beaucoup fait rire comme distinction 🙂