L’overnight success, c’est cette personne ou ce projet, qui sort en apparence de nulle part, et qui devient THE truc à la mode que tout le monde s’arrache. Le premier roman qui se fait traduire en 18 langues et qui est vendu à des millions d’exemplaires, l’entrepreneur qui se lève un matin en se disant « Et si j’inventais un toaster qui réchaufferait aussi les pantoufles » et qui devient millionnaire en 3 semaines, la chanteuse qui se fait repérer dans le métro et qui devient la femme la mieux payée de l’industrie du disque, ta voisine qui poste ses photos de gâteaux sur Instagram et qui d’un coup se fait contacter par des magazines, puis des plateaux télés, et qui quitte son job pour devenir la nouvelle Julie Andrieu…
On adore ces histoires. L’idée est séduisante : peut être que moi aussi, je suis un diamant brut, à deux doigts du succès instantané. Il suffit que quelqu’un se rende compte à quel point mon roman est génial / ma voix est sublime / mon idée est incroyable / mon fil Instagram est remarquable et BOOM, me voilà catapulté, à moi richesse, célébrité et retraite anticipée. Youhou !
Mais le succès instantané est une histoire à deux vitesses. D’un côté, il y a la cliente ou le consommateur qui découvre quelqu’un et se dit « ouah, ça sort de nulle part c’est génial », j’ai une impression d’instantané parce que je n’en ai jamais entendu parler avant. De l’autre, il y a la personne qui a créé l’oeuvre ou le produit, et elle n’a pas la même histoire à raconter.
Pensons à des success stories célèbres. Je suis allée lire quelques articles et il n’y a pas besoin d’aller bien loin pour comprendre : Angry Birds, le jeu mobile au succès planétaire, était la 52ème tentative de ses créateurs. Pourtant je ne compte plus le nombre de personnes que j’ai entendu dire des choses comme « Nan mais c’est comme les mecs d’Angry birds là, c’est ça qu’il faut faire. T’as une idée, tu fais un petit jeu et bam, t’es tranquille pour toute ta vie ». Vraiment mon Jean-Mi ? UN petit jeu??? UNE idée ???
Si tu ne te sens pas la fibre informatique, allons voir côté poussière et sport ménager : Dyson, l’inventeur du célèbre aspirateur, avait fait 5126 prototypes ratés avant de sortir son mythique aspirateur.
Je te mets au défi : cherche les personnes qui sont en apparence des succès instantané, et regarde si ce succès ne cache pas des années de travail dans l’ombre et d’acharnement parfois en dépit de la raison et sans aucune promesse de succès.

Oiseau qui cache bien son jeu
Le meilleur ami du succès instantané : le talent inné
Une autre illusion qu’on aime beaucoup entretenir, c’est celle du talent inné. Selon ce mythe, certaines personnes sont naturellement douées, et d’autres pas. Si tu veux faire du sport, de l’art, entreprendre, voyager, etc, il faudrait une « prédisposition ». A nouveau, les exemples s’empilent pour contredire cette idée. De Michael Jordan à Oprah, de nombreuses personnalités, dans les domaines les plus divers, se sont vus fermer porte après porte parce qu’ils manquaient de talent.
La psychologue Carol Dweck a consacré une grande partie de sa carrière et son ouvrage Changer d’état d’esprit à étudier notre relation à l’échec, et en a conclu que ce qui différencie les gens qui réussissent sur le long terme et les autres n’est pas le talent, mais un état d’esprit d’apprentissage. Non seulement elle conteste l’importance du talent inné, mais elle va même jusqu’à dire que le talent peut devenir un obstacle à la réussite : les personnes qui ont été constamment mises en avant pour leur talent naturel vivent dans une angoisse de la performance et de l’échec qui les empêche, sur le long terme, d’atteindre leur plein potentiel.
Je fais partie de ces personnes à qui on a répété à l’envi qu’elles ont des ‘facilités’. Ces fameuses facilités m’ont pendant longtemps empêchée de faire des efforts : pour moi, réussir à la dure, c’était aussi grave qu’échouer. Si ça ne passe pas du premier coup, c’est que tu n’es pas faite pour ça.
Comme je suis heureuse aujourd’hui, quand j’échoue et que je peux me dire « j’y crois tellement que j’ai envie de continuer quand même ». Ce n’est pas facile, ni même agréable, mais ça force à prendre ses responsabilités, à être créative, à être vulnérable. Et ce sont de bonnes choses. Surtout, ça m’a appris à reconnaître les choses vraiment importantes pour moi : celles qui méritent qu’on échoue, puis qu’on échoue encore et encore, jusqu’à ce qu’on avance… et qu’on recommence à échouer.
Le succès n’est jamais garanti, mais une chose est certaine : personne ne te trouvera si tu ne fais rien
C’est une pensée qui est difficile à intégrer, mais ton succès ne sera jamais garanti. Tu peux faire tout ce qu’il faut et échouer. Tu peux avoir la meilleure idée et perdre le marché. Tu peux avoir plus de talent et ne jamais percer. Ça pourrait être déprimant, mais je trouve ça libérateur.
Sans garantie de succès, il n’y a qu’une seule voie raisonnable : celle du plaisir. Si tu n’es jamais sûre de réussir, alors le chemin est vraiment plus important que la destination. Tu vas faire des efforts, tomber, te relever et continuer, mais tant que c’est pour quelque chose d’important pour toi, ça vaudra le coup.
Moi aussi, j’ai rêvé d’être « découverte ». De péter les 100 000 followers en quelques semaines après un article dithyrambique de Elle ou une émission virale sur France Inter à échanger des plaisanteries avec Florence Servan-Shreiber. « Ah mais Florence, je vous adore, vous me faites tellement rire. – Laure, j’ai l’impression d’avoir croisé mon âme-soeur, vous êtes délicieuse, venez prendre un café à la maison après l’émission ».
Mais la croissance des Aventurières a été une longue histoire d’amour avec quelques dizaines, puis petit à petit une centaine, puis doucement quelques centaines, et un jour « Ouah », un millier de personnes, etc etc. Il n’y a rien eu d’immédiat dans cette histoire, pas de raccourci, de miracle ou de catapultage vers le succès. Juste des efforts, jour après jour, pour faire créer des choses qui me semblaient importantes et dépasser ma trouille et mon sentiment d’illégitimité pour les partager. Beaucoup de temps et d’énergie, à discuter, à écouter, à lire, à apprendre, à tester, à rater, à recommencer. A se montrer, à avoir envie de se cacher, à se montrer quand même.

Florence, ma bestah (elle est pas au courant lui gâchez pas la surprise merci)
Le prix de la vitesse
Souvent dans mes programmes, sur le groupe, dans les évènements, je rencontre des entrepreneures pressées. Elles veulent que ça marche maintenant. Elles ne voient pas tout ce qu’elles ont, elles sont trop occupées à compter ce qu’elles n’ont pas : pas assez de clients, de likes, de bouche à oreille, de sous, de contacts,… J’ai été cette entrepreneure pressée, je suis sûre que je la redeviens par moment (cette tournure de phrase est une façon pudique de dire que non, je ne suis pas cette personne parfaite et immaculée qu’on a envie de s’imaginer, et que je tombe moi aussi dans ces pièges avec pertes et fracas mais ce n’est pas mon mode de fonctionnement par défaut).
Cette entrepreneure pressée se goure. Elle se goure d’objectifs et de moyens. Dans les moments où j’étais la plus pressée, la plus frustrée, j’étais aussi la moins pro-active. J’ai passé des mois à me plaindre (intérieurement) de ne pas avoir assez de clientes, et à flipper, au lieu de prendre le temps de discuter avec les Aventurières pour comprendre ce que je pourrais leur proposer qui leur donnerait envie de travailler avec moi.
J’ai passé des mois à regarder obsessivement le nombre d’abonnées à ma newsletter grandir mollement et à chercher des raccourcis, au lieu de passer plus de temps à produire des contenus de qualité et à développer ma patience.
Attention, je ne suis pas en train de me jeter la pierre. J’ai fait ce que j’avais à faire et je suis très fière de tout ce que j’ai appris en chemin. J’ai chéri chaque personne qui est arrivée sur les Aventurières, et j’ai fait des danses de la joie pour tous les objectifs que mes clientes atteignaient en bossant avec moi.
Les Aventurières et mon envie de libérer le génie des femmes sont trop excitantes et importantes pour que je m’arrête à des détails comme le temps que ça prend.
Ce que je veux dire c’est : sois patiente. Tu ne sais pas si ça marchera, une partie de cette histoire ne t’appartient pas. Ce qui t’appartient, c’est choisir ce qui est important, et d’y aller.
Je ne te souhaite pas de succès instantané, parce que je ne crois pas qu’il apporte les bonnes réponses. Je te souhaite de trouver ce qui te donner envie d’échouer, le courage de te relever, et la patience d’attendre le succès, quelle que soit la forme qu’il prendra.
Merci Laure, j’avais juste besoin d’entre ca aujourd’hui <3 et tout ça avec un bel humour pour détendre l'atmosphère !
Merci pour ton commentaire. J’écris souvent les choses que j’ai envie d’entendre aussi 😉
Merci pour cet article qui rappelle deux qualités essentielles pour réussir : la persévérance et la patience ! ???? Lachons prise et arrêtons de nous poser trop de questions sur le « comment »….
Laissons le plaisir ouvrir les portes !
Ah c’est trop drôle, un toaster qui réchauffe les pantoufles. J’achète direct…
Plus sérieusement, c’est vrai qu’une partie de l’histoire ne nous appartient pas. Camille StSaens a composé le carnaval des animaux en vacances, pour s’amuser. Il n’aimait pas cette création, la jugeant pas assez sérieuse. Aujourd’hui c’est son oeuvre la plus jouée.
Merci pour cet article !
Merci Justine je ne connaissais pas cet exemple. Comme quoi les vacances sont vraiment nécessaires 🙂
Comme d’habitude Laure, ton article tombe à pic. Tes mots résonnent tellement en moi ! Je suis cette entrepreneure pressée, impatiente qui a cru à l’overnight succes. Je rêve tellement de pouvoir regarder en arrière dans 10 ans en me disant »voilà, j’ai créé ma success story ». Je sens au plus profond de moi que mon projet va fonctionner. Je suis seulement impatiente et j’ai la pression de ne pas pouvoir en vivre.
Merci Laure pour tout ce que tu fais, tu es un peu mon héroïne.
Ooooohh merci. Je te souhaite de trouver toutes les portes dont tu as besoin pour réaliser ton rêve, et dans 10 ans, on boira un verre à la santé de ce commentaire 🙂
Merci Laure pour cet article inspirant!
Cela me rappelle le proverbe : « l’important, c’est le chemin, pas la destination! »
Tout à fait d’accord avec toi, Laure ! Super article. « personne ne te trouvera si tu ne fais rien » … j’adore ! Tellement vrai.
Bonjour laure, comme toujours très chouette article.
Une seule remarque, quand on a 20 ou 30 ans, ne pas être pressée c’est génial et c’est ce que j’ai fait en changeant de job et de direction, même après 40 ans, je suis une aventurière, mais dis moi comment ne pas avoir un peu envie de récolter les fruits de sa passion quand on a 60ans et plus et qu’on sent que le temps nous file entre les doigts.
Bisous Laure, et merci pour ta prose toujours imaginative!!
Coucou Fabienne, tu es quelqu’un qui ose, qui crée et qui partage beaucoup de belles choses, ce sont déjà de beaux fruits 🙂 pour ce qui est du sonnant et trébuchant, tu peux aller voir du côté des blocages avec l’argent, il y a d’excellents livres, et Nathalie vient justement de faire une vidéo très juste là dessus : https://revellecoaching.com/augmenter-son-revenu/
On va aussi bosser là dessus dans l’anti-école
a tout bientôt 😉
« Sans garantie de succès, il n’y a qu’une seule voie raisonnable : celle du plaisir. Si tu n’es jamais sûre de réussir, alors le chemin est vraiment plus important que la destination. Tu vas faire des efforts, tomber, te relever et continuer, mais tant que c’est pour quelque chose d’important pour toi, ça vaudra le coup. »
C’est mon mantra! je suis tellement d’accord! Merci pour ce bel article sui me parle beaucoup
Merci pour ce bel article Laure.
Ces mythes du succès instantané nous font du mal, ça vend du rêve et on a l’impression que tout est une histoire de chance… Donc si c’est la chance c’est pas de notre fait, y a qu’à attendre, un peu comme jouer au loto quoi. Ou qu’on est nulle nous, on n’a pas ce talent inné…
Ah le talent inné… où quand faut faire un effort c’est que c’est pas pour nous, pis quand ça coule trop facilement c’est qu’on est une imposteure 😀
Tu as raison apprenons la patience et à regarder d’où on vient et tout ce qu’on a déjà accompli plutôt que où on veut aller et comme c’est encore loin.
Merci pour ce bel article qui fait du bien à lire !
Merci Laure pour cet article très intéressant ! Je me suis reconnue dans plusieurs aspects de la « pressée » que tu décris 😉 et ça ne me fait pas de mal de prendre du recul grâce à ce que tu partages aujourd’hui.
Et comme d’habitude j’adore le ton de tes écrits !
Merci ! Je suis ravie si ça t’aide à te lâcher la grappe et à voir ton succès différemment
Magnifique Article, c’est vrai que l’on oublie de regarder la quantité de travail derrière une réussite…que l’on imagine soudaine et incroyable et qui nous bouscule. Merci Laure pour ce témoignage et ces précieux conseils que je vais de ce pas mettre en pratique !
Merci Catherine pour ton commentaire. Que ta réussite soit longue et pleine d’efforts !
Merci Laure, je me trouve à cette étape : à dire « putain mais qu’est-ce qu’ils foutent bordel de merde pour me l’acheter ce putain de programme vidéos que j’ai pourtant fait avec amour ? J’ai pourtant fait tt ce qu’il faut (hum, pas encore j’en ai bien peur)…
Ahaha : oui moi aussi j’ai rêvé à un succès instantané (l’autre de Loreàl, elle l’à bien parce que c’est bien elle…punaise !) je comprends pas, j’ai coché quasiment ttes les cases…site : done, page fb : done, blog : programmes géniaux : done et redone ! Équipe géniale : a peu près done, idées top : trop trop done ! Ben quoi, ça vient quand ? Ces p. de sous qui tombent. ? Que je me fasse coacher personnellement pour depoter comme il faut non mais alors !
Super article !
Merci de remettre en perspective la notion de succès et surtout celle de plaisir.
Ma coach en reconversion m’avait ouvert les yeux à ce sujet et ça a été une révélation.
Jusque là j’avais toujours envisagé ma reconversion comme une voie directe et rapide vers la réussite (même a ma modeste échelle). J’avais un plan : je passe mon cap , je trouve un financement, je monte ma boite et pif pam poum d’ici 2 ans max tout roule.
(Oui j’etais bien arrongante quand même ☺️).
Mais qu’est ce qui roule ?
Récupérer un même niveau de salaire que dans mon ancien boulot (fiscaliste) mais dans une autre branche (la pâtisserie dans mon cas) pour au final avoir exactement le même type de vie qu’avant ?
Faire ça pendant 5,8 ans et me retrouver au même niveau de frustration et d’insatisfaction d’ici quelques années ?
Ma coach m’a aidé à comprendre que ça n’avait aucun sens et que le chemin comptait presque plus que l’objectif.
Aimer ce que je ferais au quotidien compterait beaucoup plus que de devenir a court terme la reine des chouquettes (et puis c’est quand même un titre est un peu concon de toutes façons ????).
Ça a été une révélation pour quelqu’un comme moi qui n’avait jamais envisagé le travail que d’une seule manière (il faut en baver pour réussir).
La notion de réussite est comme le dit si bien votre article très relative.
Si demain je me lève heureuse de ce que je fais, et bien succès ou non ce sera un magnifique accomplissement.
Quel boulot pour comprendre cela … ???? ☺️
Merci. Très chouette article, très bien écrit. Cela me semble très juste. Mais que c’est difficile de s’en souvenir chaque jour.
Merci à toi Xavier !
Waow ce dernier paragraphe il déboite. Ça me fait penser à Jacques Brel.
Qu’est ce qui me donne envie d’échouer ?
J’adore cette question ?
Avec plaisir Elodie !