Pour être inspirée, soyez fainéante

par | Avr 24, 2015 | Avancer malgré les obstacles, Être Heureux•se | 4 commentaires

Si je vous disais que votre envie de « bien faire » est l’obstacle n°1 qui vous sépare de votre nouvelle vie ? Mais si! Vous savez, votre nouvelle vie. Celle où on s’éclate et on fait un job qui a du sens pour nous. Et où tout n’est qu’arc-en-ciels et licornes qui sentent la fraise tagada?

L'oisiveté est, dit-on, la mère de tous

Je n’ai rien contre le travail bien fait. Je suis d’ailleurs la première à apprécier ce qui est réalisé avec passion et attention. Bien faire n’est pas un mal tant qu’on se concentre sur ce qu’on aime.

Là où j’ai un problème, c’est quand « bien faire » devient un objectif en soi :

Nourrie par deux moteurs inépuisables : l’esprit de compétition et le manque de confiance en soi, l’envie de bien faire est ancrée en nous dès le plus jeune âge. D’abord par instinct de survie, puisqu’on comprend assez vite que s’attirer la sympathie de ses parents ou des personnes qui nous nourrissent est assez fondamental dans les premières années de la vie. Puis à l’école, où les ‘bonnes’ notes, le ‘bon’ comportement, les ‘bonnes’ fréquentations sont présentés comme critères de réussite absolus (accessoirement, ça sert aussi à maintenir de bonnes relations avec les gardiens de la nourriture alias les payeurs de loyer alias les parents, y compris dans les périodes les plus sombres des relations ados-géniteurs).

Pour beaucoup d’entre nous, bien faire est devenu un critère de réussite en tant que tel : même si on déteste ce qu’on fait, qu’on doit se forcer chaque jour pour y aller, une partie de nous est persuadée que si on s’accroche et qu’on le fait bien, on a mérité une bonne note, on a le droit d’être contente de soi.

Pour les femmes en particulier, bien faire est quasiment ancré dans notre ADN : après des siècles à être considérées comme des mineures (pas le droit de travailler, de voter, de posséder son propre compte en banque…), nous avons vite compris que notre survie dépendait de facto du bon vouloir d’un père, frère, mari, etc. Autant dire que faire profil bas et faire plaisir à notre entourage n’était pas vraiment une option.

Saupoudrez là-dessus un bon vieux dicton bordé aux coins du bon sens : ‘L’oisiveté est mère de tous les vices’ et vous avez la recette parfaite pour culpabiliser dès que vous avez envie de lâcher le steak sur quoi que ce soit.

La vie devient une partie de Kamoulox à qui se forcera le mieux :

C’est lundi, vous avez 39°C de fièvre et vous êtes contagieuse ? Avancez d’une couette et télétravaillez quelques heures pour ne pas avoir l’air de vous tourner les pouces.
Pas envie d’aller au sport ce soir ? Embrassez un pingouin et faites 10 km avec des tennis parfumées à l’anchois.
Invitée à une soirée alors que vous mourrez d’envie de rester à la maison à regarder des séries ou à écouter de la musique ? Impossible, votre professeur de musique joue la Marseillaise au trombone en case Faignasse. Vous reculez de trois kir-pêche et dansez la macarena jusqu’à l’épuisement.

J’entends d’ici les sonnettes d’alarme se déclencher dans votre cerveau : mais si on ne se force pas, on ne fait jamais rien de difficile dans la vie. Ce n’est pas possible de prétendre que la vie n’est faite que de moments agréables et de roulades dans des prés d’herbe fraîchement coupée (avec des licornes et des arc-en-ciel), c’est irresponsable !

En fait il y a une alternative au forcing, elle est assez simple, mais elle demande de la pratique, et aussi de suspendre des siècles d’éducation (peut-être seulement des décennies si vous êtes chanceuse) : soyez une élève moyenne pour tout ce qui ne vous passionne pas. Autorisez-vous à avoir un 10/20, juste de quoi passer, au lieu de vous déchirer le slip à tous les étages pour la moindre activité ou tâche que vous entreprenez. De temps en temps, séchez le cours.

La première fois que j’ai volontairement raté un cours de sport, sans me jeter la pierre, sans me culpabiliser à coup de ‘Ca y est, c’est le début de la fin, je vais sombrer dans l’inactivité, devenir obèse, déménager au rez-de-chaussée et finir sur une chaise roulante spécialement designée pour me permettre de sortir acheter mon pain une fois par semaine’, ça a été une expérience libératrice. Une semaine plus tard j’ai récidivé en partant d’une soirée au bout d’à peine une heure parce que j’en avais marre et que je n’étais pas d’humeur sociable. Depuis, je dis non beaucoup plus souvent, et je sais beaucoup plus rapidement quand arrêter ce qui ne me plaît pas (ou plus). Ca vaut pour les activités, pour les gens que je rencontre, pour les opportunités professionnelles, etc.

[Tweet « C’est en arrêtant d’être une bonne élève que j’ai trouvé ce que j’aimais faire. »]

Les questions que vous vous posez (peut-être) :

Est-ce que cette attitude déplorable va me jeter sur une pente inexorable d’oisiveté, de paresse, de journées marathons de canapé et d’ermitisme absolu?

Non. D’après mon expérience, c’est tout le contraire qui se produit : depuis que je ne me force plus, j’ai retrouvé le plaisir de pratiquer le sport sous différentes formes, y compris des formes que je méprisais avant (le yoga, ha! ça ne compte pas comme du sport, ça ne fait pas assez monter le cardio). Je vois les gens quand j’en ai vraiment envie, pas quand je pense que je ‘devrais’ et je suis bien plus disponible pour mes amis grâce à ça. Je suis beaucoup plus à l’écoute de ce dont j’ai besoin pour atteindre mes objectifs. Je fais des choses difficiles sans me forcer, en cherchant plutôt la régularité que l’effort.

Et si je sèche et que l’envie ne revient pas ?

Quand l’envie ne revient pas, deux solutions : soit vous n’aimiez pas vraiment cette activité (ou vous ne l’aimez plus), auquel cas vous pouvez être contente de le savoir et arrêtez de vous forcer tout court, soit c’est que vous avez été tentée de ‘bien faire’ et que vous vous êtes mis la pression, et l’envie se terre désormais sous une bonne grosse couche de perfectionnisme. Pour continuer sur ma découverte du yoga, j’ai commencé à prendre du plaisir quand j’ai décidé d’en faire même 3 minutes si je n’ai pas plus de temps ou d’envie. Parce que j’ai arrêté de me forcer (‘Si c’est pas 45 minutes, ça ne sert à rien!’) je me suis mise à trouver du plaisir et à avoir envie d’en faire de plus en plus.

Que faire en cas de rechute de bonne-élévisme agravé ?

Quand vous commencez à vous écouter et à arrêter de forcer, vous allez rapidement développer un radar à bonne élèvisme. Dès que vous vous voyez essayer de passer en force, vous avez le choix : vous pouvez y aller quand même, parce que ne vous sentez pas de faire la mauvaise élève (si vous vous forcez, prenez le temps de noter comment vous vous sentez à la fin, est-ce que vous avez trouvé la motivation en route ou est-ce que vous avez l’impression que vos batteries sont à plat?), ou vous pouvez faire le minimum syndical et vous féliciter de vous être écoutée.

 

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4 Commentaires

  1. Je crois bien que je souffre de bonélèvisme aïgue !!!

    Cet article est complètement ce dont j’avais besoin.

    Vouloir bien faire ne doit en effet pas être un but en soi. Le but si j’ai bien compris, c’est le plaisir, et quand on agit dans le plaisir, automatiquement on fait du bon boulot.

    Réponse
    • Coucou Aurore! Oui, ‘bien faire’ c’est souvent une attaque de perfectionnisme déguisé. Comme personne ne va fixer les critères de « bien », ça se transforme vite en « jamais assez ». Le but c’est de se lâcher la grappe en se disant qu’on est toujours en train d’apprendre. Comme ça tu te détends : tu n’as pas à être à la « hauteur » de quoi que ce soit, tu es en train d’apprendre.

      Réponse
  2. Oh, j’adore, cela me fait penser à une vidéo géniale sur le sujet : Eloge de l’oisiveté par Dominique Rongvaux

    « Réflexion autour de la valeur du travail, « Éloge de l’oisiveté » est aussi une flânerie joyeuse à la découverte des routes parallèles empruntées par ceux qui, de tout temps, échappèrent au dogme de l’activisme. Et si l’oisiveté nous mettait sur la voie d’une société plus juste favorisant l’épanouissement de chacun ?
    « Il existe deux types de travail : le premier consiste à déplacer une certaine quantité de matière se trouvant à la surface de la terre ou dans le sol; le second, à dire à quelqu’un d’autre de le faire. » (Bertrand Russell) »

    https://www.youtube.com/watch?v=7KpxsqwNF0o

    En espérant que cela parlera et plaira à certaines d’entre vous !!

    Réponse
    • Merci pour le partage Amélie !

      Réponse

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