S’il y a une définition de la beauté dans notre monde d’image, c’est une définition en négatif.
La beauté c’est : pas moi.
Trop grosse, trop maigre, pas de la bonne couleur, trop de taches de rousseur, pas assez de pommettes, trop anguleux le visage, les yeux sont trop grands, trop banals, les traits pas assez fins, les épaules pas assez définies… Il y a toujours quelque chose à corriger. Même si tu es à l’aise dans tes baskets, tu n’échappes pas à l’idée qu’il existe un modèle de femme parfaite pour cette époque et cette société.
C’est comme si on avait toute une image de cette femme idéale dans la tête. On ne pourrait pas la dessiner ou même la décrire précisément, parce qu’elle n’existe pas. En fait elle n’existe que pour une chose : on peut s’y comparer et constater à quel point on en est loin.
Un modèle qui n’existe que pour nous rabaisser n’est pas un modèle : c’est un tyran.
Ce décalage entre le mythe de la « belle meuf » et la réalité de chaque vraie meuf est source de multiples souffrances et troubles, pas besoin de rentrer dans les détails, tu sais très bien de quoi je parle.
J’ai l’impression qu’on est en train de recréer la même chose dans l’entrepreneuriat.
Il y a un mythe, aussi dangereux que celui de la belle meuf, qui existe dans le monde du business : le mythe de la super-entrepreneure.
La super-entrepreneure est riche, mais super généreuse et sympa, elle n’a pas vraiment de moments difficiles, elle est toujours dans la fluidité et le plaisir. Elle travaille peu, parce qu’elle a besoin de beaucoup de temps pour prendre soin d’elle et de sa famille, mais comme elle réussit tout ce qu’elle touche, elle n’a pas besoin d’en faire plus. Elle va vite. Tout lui réussit, mais en plus tout lui réussit vite. Elle est zen, elle gère, elle kiffe sa life et elle flotte sur un nuage teinté de rose où les anges qui la protègent viennent souffler un peu de vent dans sa chevelure (parfaite). Elle rayonne, elle est authentique, elle mange parfaitement bien et la vie lui sourit parce qu’elle a une attitude positive à faire chialer le Dalaï Lama de honte.
Et surtout, elle n’existe pas.
Peu importe qui tu mets sur un piédestal, peu importe quel blog ou quel site te laisse penser que certains êtres de lumière ont tout compris à la vie, je peux t’assurer d’une chose : elles ont les mêmes émotions universelles que toi. Parfois, elles se roulent en boule pour pleurer ; parfois elles cherchent les réponses au mauvais endroit ; parfois elles ne peuvent pas s’arrêter parce qu’elles ont peur d’être face à elles-mêmes ; parfois elles se demandent si elles sont vraiment là où elles ont envie d’être ; parfois elles n’ont juste aucune idée de la direction à prendre ; parfois elles sourient sur les photos alors que dans leur tête, elles sont sur-stressées ; parfois elles ont juste envie d’éteindre l’ordi et de partir élever des chèvres à la campagne ; parfois elles sont hyper en colère contre elles-même, contre les autres, et elles se demandent si elles n’ont pas un grain et qu’est-ce qui clochent chez elle.
D’autres fois, bien sûr, elles sont exactement aussi confiantes, aussi fières, aussi heureuses et exubérantes que ce que tu vois.
C’est juste : ce que tu vois n’est pas toute la vérité.
Les meufs que tu mets sur un piédestal sont beaucoup plus comme toi que tu ne l’imagines.
Quand je pense au mal qu’on se fait à vouloir atteindre des critères de beauté qui ne correspondent à aucun humain sur terre, je refuse qu’on se mette la même pression pour l’entrepreneuriat.
Les entrepreneures accomplies à tes yeux sont comme des top-models : ce sont des humains remplis de beauté et de doutes.
J’écris ça pour que tu saches que tu n’es pas folle, nulle ou bonne à jeter. Que tu arrêtes de te comparer à quelqu’un qui n’existe pas.
Tu veux la preuve ?
L’actrice Viola Davis, un Oscar à la main dit : « Je n’arrête pas de penser qu’un jour je vais me réveiller et tout le monde va me voir pour la tricherie que je suis. »
Emma Watson, actrice, ambassadrice d’ONU femmes, personne assez badass et cool dit « Plus je réussis, plus je me sens inadaptée, parce que j’arrête pas de penser : à tout moment, ils vont se rendre compte que je suis une imposteure et que je ne mérite aucune de mes réussites. »
Personne n’a tout compris, personne ne vit dans un monde d’émerveillement et de bonheur intarrissable.
Ce genre de chose, ça s’appelle la drogue, pas la vie.
Alors, s’il-te-plaît, ne crée pas une vision tyrannique de la réussite et de l’entrepreneuriat.
On est toutes là, à poser les questions et à avancer à notre rythme, à notre façon. C’est là qu’est notre richesse. C’est la qu’est notre force infinie.
Citation du jour – Carrie Pilby, le film :
« Contrairement à ce que les diplômes sur le mur ont l’air de dire, je n’ai pas la réponse à toutes les questions
– Je ne ferai jamais confiance à quelqu’un qui penserait les avoir »
L.
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Coucou ! J’étais justement dans un de ces jours où rien ne va. Ça m’a bien remonté le moral. Merci ?
Avec plaisir ! On a toutes ces jours là
J’aime beaucoup ton article! Tellement bien dit! 🙂 je vais le partager sur mon Twitter