Imagine une maison au milieu de nulle part. Elle est juchée en hauteur par rapport à la route, planquée derrière une haie plus ou moins bien taillée selon la motivation de ses habitants. Vue de face : un jardin et un verger qui laissent le terrain à des grands peupliers qui protègent un cours d’eau. Vue arrière : une forêt qui grimpe à flanc de colline et qui entoure la maison de son mystère. A droite : plus de forêt. A gauche : un jardin, un arbre à papillons, les vestiges d’un toboggan et puis la forêt, épaisse, impénétrable.
Ça, c’est la maison dans laquelle j’ai grandi.
Ce n’était pas une enfance aussi féérique qu’on imagine. J’en ai déjà parlé, cette maison était aussi un lieu de survie, de peur et de violences. Dans cette maison, j’ai passé les 16 premières années de ma vie.
Ce matin, j’étais en demie-journée de prise de recul et créativité avec ma pote Flora, et on faisait un point sur nos systèmes de progression et de soin.
En échangeant avec elle, je me suis interrogée sur : quels sont les systèmes qui nourrissent ma créativité et mon artiste ?
La réponse qui m’est venue immédiatement : passer du temps dans la Nature.
Je me nourris au contact de la folie naturelle du monde.
J’adore la Nature, parce qu’il n’y a rien de plus radical et entier. Tu te mets face à l’océan, tu le regardes se jeter sur les rochers : tout est là. Tu peux utiliser ton énergie à vouloir autre chose : que la roche ait une autre forme, que les vagues se jettent moins violemment dessus. La Nature s’en fout. Elle est. Point.
Passer du temps dans la Nature, c’est une façon pour moi d’entrer en contact avec ce qu’il y a de plus fou et intransigeant chez moi. Ce qui est.
J’ai repensé à mon enfance, à cette maison au milieu de la forêt, qui n’avait même pas de lampadaire pour briser sa solitude jusqu’à mes 12 ou 13 ans.
J’ai compris quelque chose d’essentiel pour moi : la forêt était le personnage principal de mon enfance. J’allais dans la forêt pour me rencontrer. J’appréciais déjà énormément d’y passer du temps seule, de chercher des chemins, de reconnaître les arbres, de me sentir exploratrice, étrangère et complètement d’ici en même temps.
En faisant un pas de plus, j’ai reconnu que j’ai besoin de passer du temps au contact de ce qui me dépasse. De me laisser immerger dans ce que je ne peux pas comprendre.
Pour être la meilleure version de moi même, j’ai choisi deux forces que j’ai envie de développer : « Irrationalité » et « Radicalité ». Je cherche à nourrir et à mettre plus d’irrationnel et de radicalité dans mon quotidien. Justement, la Nature me rebranche à ça. Mais t’as déjà vu un conseil en productivité qui te dit d’aller te balader pour explorer l’irrationnel ? Moi, non.
Pourtant, ma créativité et ma vision n’ont jamais été aussi claires et excitantes que depuis le confinement, où je passais au minimum 45 minutes par jour dans la nature, à me promener et observer les éléments. Sauf que je ne m’en rendais pas compte. J’aurais facilement pu sacrifier les balades pour être « plus productive » si je n’avais pas pris le temps de regarder à la loupe mon fonctionnement, et surtout les résultats obtenus derrière.
Quand je lis des articles ou des livres sur les systèmes, les process, l’automatisation… c’est toujours pour aider les gens à être plus productifs et à caser encore plus de choses dans leurs journées.
Il y a trois éléments essentiels qui manquent à cette approche :
- Au service de quoi ? C’est le plus important. Si tu ne sais pas vers quoi tu avances, les systèmes et la productivité tournent dans le vide (ça peut même être une fuite idéale pour passer du temps à gagner du temps plutôt que vivre sa vie)
- Regarde dans tes évidences : tout ce que tu fais est déjà un système, même si ça n’en a pas l’air. Avant de regarder ce que je veux et la façon dont je construis mes journées, j’avais l’impression que me balader dans la Nature, c’était du bonus, au service de mon énergie mais bof. J’avais pas réalisé à quel point c’est fondamental pour ma créativité.
- Les systèmes qui t’accélèrent, c’est bien, mais si tu veux de l’énergie dans la durée, il te faut aussi des systèmes dédiés au ralentissement à l’exploration. Je récupère énormément d’énergie en étant coachée et en bossant sur mon affirmation, et ensuite je nourris cette énergie dans mes systèmes quotidien. Le coaching et l’accompagnement sont des éléments clés de mon système, c’est non négociable d’investir du temps et de l’argent là dessus.
Une fois que tu as regardé, ça, tu peux régulièrement revisiter tes systèmes en regardant les résultats : est-ce que ta vie avance dans une direction qui est excitante pour toi ?
Si tu n’as que des systèmes qui ralentissent et qui t’inspirent, tu vas manquer d’espaces et d’efficacité au passage à l’action, et c’est frustrant. Si tu n’as que des espaces d’accélération et que t’es la reine des raccourcis claviers avec des journées remplies comme des outres à limonade, tu te crées un système souffrant dans lequel il n’y a plus d’espaces pour le rêve, la folie et les désirs.
Dans ma boîte, par exemple, j’ai un double challenge : continuer à progresser en tant que coach, et progresser en tant que dirigeante d’une équipe. Donc j’ai un coach qui me fait appuyer sur le champignon, et un autre qui est capable de passer une journée à me questionner sur ce qui m’anime pour que je ressorte avec la folie au taquet et un niveau d’énergie de dingue.
A toi : regarde tes journées et partage en commentaire :
- Quels sont les systèmes qui te permettent de gagner du temps, d’être plus productive ?
- Quels sont les systèmes qui te nourrissent ?
0 commentaires