Il y a quelques jours, j’étais avec deux avocats qui expliquaient que la plupart de leurs clients ne mesurent pas ce qu’ils font pour eux. Le cas classique c’est : les gens font appel à eux parce qu’ils sont dans une situation pas très sympa, qu’ils trouvent injuste, et ils se sentent impuissants face à un système judiciaire incompréhensible qui veut les bouffer.
Ils prennent un avocat, mais au fond, ils se disent « je vais devoir donner du fric à cette personne pour prouver que j’ai raison, juste parce que je ne suis pas capable de citer des articles et de naviguer des procédures incompréhensibles. En fait je pourrais faire ce qu’ils font, je vois pas pourquoi je devrais payer alors que c’est moi qui suis victime dans cette histoire ». Groumpf
De leur côté, les avocats ont une expertise qui leur a pris des années à développer, ils ont acquis une finesse d’analyse qui leur permet de comprendre très rapidement ce qui est possible, les solutions qui s’offrent à leur client et comment trouver la meilleure solution (évidemment je ne parle pas de gens qui sont nuls dans leur job, ceux là ne m’intéressent pas). Ils maîtrisent leur sujet et de leur côté ils se disent : « notre job n’est pas reconnu, on permet à nos clients de gagner des sous, du temps, et d’arriver à leurs fins, mais ils ne nous disent même pas merci, ils trouvent que c’est normal et, quel que soit le prix, ils se sentent arnaqués ». Double groumpf
Ce qui manque dans les relations
Je me revois, il y a quelques années, quand j’ai eu besoin de faire appel à un avocat (JB ), je m’étais mise dans une situation dont je n’étais pas fière, et j’avais honte de m’être faite arnaquer, je me sentais stupide, vulnérable. J’étais hyper tentée de lui mentir parce que je me disais : « Il va me prendre pour la dernière des connes » « Il va se dire que je suis pas capable de lire un contrat » « C’est trop de boulot et il doit avoir des trucs carrément plus intéressants à faire »…
A la fin je me souviens que je n’avais pas l’impression d’avoir gagné, j’avais l’impression d’avoir perdu quand même et je me suis dit que ça me servirait de leçon. J’étais frustrée et je me sentais reconnaissante mais aussi comme une petite fille qui a fait un truc stupide vis-à-vis de lui.
Ce qui m’intrigue, c’est que si je regarde comment ça se passe en coaching, il y a pas mal de points communs : on aborde des sujets qui peuvent être très honteux, douloureux. Nos client.es viennent et payent justement pour qu’on leur montre les endroits qu’ils s’efforcent de ne pas regarder et qui les freinent. Dans le business coaching, on est d’autant plus efficaces quand on sait confronter la personne sur ces fameux « angles morts », qui peuvent venir de mécanismes que la personne reproduit sans savoir comment les stopper, ou d’endroits de fuite qui ne sont pas vus, ou encore d’endroits de méconnaissance où elle fonctionne de façon moyenne parce qu’elle ne se pose pas les bonnes questions. Il pourrait y avoir le même phénomène de rancoeur ou d’envie de cacher à son coach, pourtant ce n’est pas le cas.
Clairement en écoutant mes potes avocats partager leur expérience, je me suis dit :
1. Que leur niveau d’expertise ne faisait pas marrer, et que c’était très très cool de les connaître
2. Que j’étais hyper contente d’être coach, et de bosser avec mes client.es et mon équipe sur la base de « Comment on fait pour être encore meilleur.es ? » et pas « Comment on fait pour sortir de ce merdier ? »
Mais j’ai surtout vu la différence de fond entre nos métiers : une question. C’est cette question, le passage obligé – parfois redouté – de toutes les séances de coaching avec les coaches des Aventurières, qui crée des résultats vertueux pour nos client.es, plutôt que des envies de se planquer sous la table ou de se barrer sans dire merci-au-revoir.
Cette question c’est : « Quel est ton objectif ? »
On n’entre pas dans une relation de coaching sans avoir d’objectif pour soi. Ce n’est pas le coach qui décide vers quoi on va. Dès les premières minutes, c’est à nos client.es de décider pour eux-mêmes. Quand on n’a jamais été accompagné, ou qu’on a été accompagné par des personnes qui ne sont pas bien formées et qui font n’importe quoi, c’est déroutant. Combien de fois dans sa vie on a le luxe d’une relation où l’autre ne veut rien pour toi. Où la personne que tu payes n’es pas là pour décider à ta place, ni se ou te rassurer à tes dépens, mais te laisse le libre champ de choisir où tu veux aller et comment tu veux utiliser ce temps et ton investissement ?
Où est-ce que tu laisses les autres prendre la responsabilité à ta place ?
Mes potes ont bondi sur leur téléphone pour noter : « Mais oui trop bien, il faut qu’on demande aux clients quel est leur objectif! ». Par rapport aux coaches, ils ont l’habitude de poser des questions pour comprendre la situation, puis faire de leur mieux en fonction de ce qu’ils connaissent, et de ce que le client leur dit. Mais sans cette question, ils ne remettent jamais la responsabilité au client. Sans cette question, c’est logique que la relation se fasse sur une base d’impuissance, puis d’insatisfaction. La plupart des clients ne savent même pas ce que « gagner » voudrait dire pour eux. Et personne ne leur demande.
Ça peut sembler évident, mais si on regarde notre vie, c’est rare de croiser des gens qui prennent vraiment la pleine responsabilité de ce qui leur arrive. Et c’est rare de créer des relations où chacun prend vraiment sa responsabilité et pas plus, ni moins. Pourtant c’est la seule façon de créer ce que tu veux, dans le pro comme dans le perso.
Du coup j’ai fait un petit check interne, et j’ai pensé à mon nouveau comptable qui commence en janvier, et à Apolline qui rejoint l’équipe pour s’occuper de nos finances. Est-ce que j’ai été claire sur ce que j’attends d’eux ? Sur à quoi ça ressemble, gagner ensemble ?
Non. L’administratif me fait chier et du coup j’ai voulu jeter cette responsabilité sur eux sans prendre la mienne.
Ça me fait réfléchir sur mes prestataires et ma façon de gérer l’équipe : où est-ce que je laisse ma responsabilité à l’extérieur ? Où est-ce que je peux gagner en clarté et exprimer ce que je veux pour que les personnes avec qui je bosse donnent le meilleur d’elles-mêmes, comme je le fais pour mes clientes ?
C’est aussi pour ça que j’adore mon métier et que je veux construire une équipe capable d’amener ce niveau de finesse et de responsabilisation à nos client.es.
C’est là qu’est notre différence
Je suis persuadée depuis le début que ce ne sont pas nos connaissances incroyables en business qui feront la différence, mais notre connaissance de l’humain et notre volonté acharnée à gagner en finesse sur ce qui permet aux gens de prendre la responsabilité de créer ce qu’ils veulent.
Des conseils, des avis, des techniques, il y en a partout sur internet, dans les livres. En matière de business, tout le monde a un avis, surtout ceux qui n’y connaissent rien (ça nous fait un autre point commun avec les avocats…).
En revanche, une professionnelle qui est capable de discerner quand tu as besoin d’un apport extérieur et quand tu as besoin de plonger à l’intérieur pour trouver la réponse, c’est beaucoup plus rare.
Une coach qui a les compétences et la finesse pour t’aider à jardiner de l’intérieur et faire émerger les réponses, c’est encore plus rare.
Une équipe de coaches qui sait accompagner les business à tourner au kif et au potentiel des humains plutôt qu’à l’égo des dirigeants, c’est quasiment du jamais vu.
Pourtant c’est ce qu’on a décidé de construire avec l’équipe des Aventurières. C’est un travail de longue haleine, on sait qu’on a des années devant nous pour porter notre art au niveau qu’on veut. Mais ça tombe bien, on a plein de temps, et on est persuadées que les business qui tiendront la route dans le monde de demain sont ceux qui ont compris où regarder et qui sauront trouver les bons pros pour les accompagner.
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