La semaine dernière, j’ai vu deux spectacles d’un niveau de ouf. De très près.
D’abord, en co-animant un stage feu sacré, j’ai admiré la finesse et la précision de mon coach, Nicolas. J’adore la façon dont il anime les stages, en prenant en compte l’énergie du groupe, mais aussi les besoins de chaque personne. J’ai pu observer toutes les zones dans lesquelles je peux progresser, c’est cadeau.
Et puis samedi soir, j’étais sur scène, avec ma chorale et un groupe professionnel, pour un concert de reprises d’Otis Redding. Je suis toujours pas redescendue. L’énergie du groupe sur scène, le plaisir de faire de la musique ensemble, et de partager ça avec le public.
J’ai vu le chanteur, que j’avais déjà vu en répétition et je m’étais dit « ok, cool, sympatoche », se révéler sur scène, mettre les autres sous la lumière, prendre des risques et donner tout ce qu’il avait à donner (non, je n’ai pas poussé de hurlements suraigus… pendant le concert. Seulement après).
La scène et le stage ont un gros point commun : en dessous d’un niveau d’implication total, ça ne marche pas. Tu ne peux pas tricher. Tout est là, dans l’instant.
Tu te prépares pour ce moment, tu bosses ton programme, ta voix, tes intentions, ta technique… Mais à un moment, tu montes sur scène et c’est parti. Pas de « on coupera ça au montage » ou de « on la refait, elle était pas ouf ».
Chaque décision, dans l’instant, te demande d’être 100% présente, d’y aller avec tes tripes.
Si tu décides de ne pas affirmer ta couleur, de pas déranger et de rester sympa, tu fais un four. Le stage est bof, le concert est raté.
Personne ne paye pour voir la version gentille et pâlichonne de toi.
Et bien sûr pour réaliser ce niveau de performance, c’est un énorme taf. Des heures à bosser sur ton talent, à affiner ta valeur, à bosser sur toi pour affirmer tes vrais désirs, mettre de toi à tous les étages de ton projet, peu importe que ce soit une boîte ou un projet artistique.
Et ça vaut dans tous les domaines.
Ce que les gens achètent, c’est l’invisible + le visible.
Et si tu te mens sur la quantité de travail invisible que ça demande d’arriver là, t’es juste en route pour une vie décevante.
Ce que tu vois en tant que public, c’est le chanteur qui saute sur scène, en transe sur sa chanson préférée, le solo de guitare qui met le feu, la coach qui pose la bonne question, et qui en quelques mots ouvre une porte, permet à la personne de reprendre le pouvoir sur un vieux dossier qui traînait là depuis des dizaines d’années.
Ça, c’est ce que tu vois. Ce que l’artiste ou le professionnel sait, ce sont les litres de sueur, les heures de répétition, les doutes, les nombreuses portes qui n’étaient pas les bonnes, les centaines d’heures de formation, d’accompagnement, de perfectionnement. Les plantages, les moments de grâce, les coups de fil à un.e ami.e. Les ruptures. Les matins où il faut quand même se lever.
Si tu nies ça, si tu nies à quel point c’est dur d’arriver là, je peux te garantir que tu n’iras pas.
Ce matin Apolline, qui est la maîtresse des sous chez les Aventurières, m’a partagé cette citation de Robert Redford « Les gens voient la victoire, pas les efforts. La victoire, c’est pour les autres. Les efforts c’est pour toi. »
EST-CE QU’ON PEUT S’ARRÊTER SUR CETTE MERVEILLE DE PHRASE ? *swoon* *cris suraigus*
Tant que tu es ok pour penser que ça va « pas être si dur que ça » ou que « quand on est passionnée, ça se fait tout seul », tu choisis de vivre à côté de tes pompes. Ce n’est pas facile. Et si tu te dis « ah mais là c’est chiant parce que je fais à peine 2000 balles par mois quand je gagnerai 10 000 euros par mois, ce sera plus facile ». Mais FAUX. C’est ultra déconnant de penser ça. Déjà la personne qui gagne 10 000 euros par mois n’est pas la même que celle qui gagne 2000. Elle fait des choix différents, elle prend des risques différents. Sa journée n’est pas la même que la tienne. Surtout, le niveau de responsabilité qu’elle a au quotidien n’est pas le même.
Il n’y a rien qui est plus facile, ce sont juste des choix différents.
Je ne dis pas que tu ne peux pas devenir cette personne, au contraire, si tu en as envie, fonce. Mais fonce les yeux ouverts et les mains prêtes à bosser. Pas les yeux fermés avec une prière cucul et un talisman pour t’en sortir.
Depuis 1 an et 9 mois, je coache. J’ai mis le paquet : en formation, en supervision, en heures de pratique. Et la semaine dernière je me retrouve en stage et le premier soir, je suis en crise. Je vois le fossé qui me sépare de là où j’ai envie d’être, en terme de finesse, de légèreté, de puissance.
Et puis le matin je me lève et je coache, quand même. Avec la meilleure version de qui je suis, et les prises de conscience de la veille. Et je passe un moment génial.
Quand je me fais coacher par des gens qui ont des années d’avance sur moi, quand je parle avec mon équipe, je vois le fossé qui me sépare de la meilleure version de moi même. Je regarde mon projet à 25 ans. Putain qu’il est kiffant. Rien n’est raisonnable ou logique là dedans, à part le fait que moi, j’adore et j’ai envie d’y aller. D’ailleurs je ne vois aucune raison pour laquelle je n’y arriverais pas, même si ça prend plus que 25 ans.
Mais je ne me raconte aucune histoire sur la difficulté du chemin.
Je choisis ma vision AVEC ce qu’elle a de jouissif et AVEC ce qu’elle a de dur et ingrat.
Et je t’invite à regarder de très près ce que tu choisis pour toi : qu’est-ce qui va être cool ? Qu’est-ce qui va te saoûler ?
Si tu te mens en grossissant le côté positif, qu’est-ce qui va se passer quand les challenges débarquent et que c’est plus juste « kiffer et prendre du plaisir à jouer de la gratte » ? Tu vas rajouter des tonnes d’émotionnel, te dire que tu dois avoir un problème, que c’est pas si dur pour les autres, et que clairement, si t’en chies, c’est sans doute pas ta voie.
*emoji vomito*
Ce qui ne va pas, c’est pas qu’il y ait des difficultés, c’est l’histoire que tu t’es racontée sur la réalité. Un choix que tu fais sans regarder les conséquences négatives avec autant d’honnêteté que les positives, c’est pas un choix, c’est un fantasme. Les graines de l’échec sont plantées dès le début. Non pas parce que t’en es pas capable, mais parce que tu préfères encore fuir l’intensité de tes désirs plutôt que de les vivre entièrement.
Tu choisis : les efforts et la victoire. Ou les fantasmes et les regrets.
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