Hier soir je suis allée voir une répétition d’orchestre, et j’ai vu le travail d’une des plus grandes cheffes d’orchestre et de choeur de France (elle s’appelle Valérie Fayet si tu veux aller fouiner).

Honnêtement, techniquement je n’ai pas le niveau de comprendre ce que je voyais. J’ai juste savouré d’être pendant deux heures dans l’énergie d’une personne extrêmement exigeante dans son art, et par sa vision de la musique.

Cheffe d’orchestre, seule face à 80 musiciens (en l’occurrence des ados), c’est elle qui tient tout le monde et qui donne à l’œuvre sa forme. Elle crée un cadre suffisamment solide pour que les musiciens jouent une œuvre commune (et pas chacun son interprétation, son tempo, ses nuances comme il veut), mais suffisamment souple pour prendre en compte le niveau de chacun, le besoin de s’exprimer et de faire vivre l’œuvre, même quand on est 1/80e d’un tout.

Hier elle dirigeait un orchestre de jeunes, adolescents ou jeunes adultes. Un adolescent, c’est plutôt élément eau. Elle, c’est du feu sous-jacent feu.

Mais elle les dirige, ce qui ne veut pas dire qu’elle les façonne. Elle doit trouver des solutions en permanence, dans l’instant, pour les faire travailler ensemble. Elle entend chaque nuance qui manque de finesse ou qui manque tout court. Chaque fausse note, chaque violon qui décroche ou cor qui rate son départ d’une milli-seconde.

Pourtant elle ne peut pas s’attaquer à tout en même temps, sinon c’est la fin de l’orchestre. La perfection doit s’accommoder des humains qui la vise.

Elle doit choisir l’endroit où elle peut avoir le plus d’impact

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Ce ne sont pas des choix que tu as le temps de débattre pendant des heures. Ce ne sont pas des choix pour lesquels tu te fais des gentils petits tableaux pour et contre. C’est dans l’instant, maintenant, si tu perds le fil tu perds les musiciens. Si tu restes trop longtemps à réfléchir tu perds la tension nécessaire pour faire jouer 80 personnes ensemble.

Comme les sportives sur le terrain, les entrepreneures dans le quotidien. On passe nos journées à prendre des décisions, de la plus minuscule à la plus impactante.

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Hier je n’ai rien compris à la musique mais j’ai compris 2 choses :

– Ce niveau d’exigence et de précision c’est le résultat d’avoir affûté son expérience, sa technique, mais aussi son instinct. La technique impeccable coupée des instincts ça ne marche pas. Les instincts sans la pratique, c’est de la bouillie.
Animalité + Pratique.

– C’est ce que je vis dans mon boulot et que j’ai envie de continuer à vivre. La prise de risque dans l’instant, en permanence, au travail qui est remis sur l’ouvrage à chaque seconde, chaque minute. L’expertise qui continue de se construire à chaque répétition.

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Moi qui ai passé des années à errer dans ma vie professionnelle comme un poulet sans tête, il me manquait ces infos là : c’est pas en minimisant la prise de risque que tu vas pouvoir te poser et kiffer. Ça s’appelle la mort (plus ou moins lente).

Ça marche dans l’autre sens : quand tu arrêtes de passer ta vie à te planquer de l’intensité, tu te prends de pleine face qui tu es, et t’as plus envie de te barrer.
A partir de là, c’est instinct + kif + pratique acharnée, et ça a un goût indescriptible.

Ma vie ressemble à ça en ce moment : instinct + exigence = kif de ouf (et encore plein de conneries et de risques et de surprises à venir).
J’ai l’impression chaque matin d’ouvrir une nouvelle case de calendrier de l’Avent. Tous les jours ont un goût différent, génial, unique.

Je ne peux pas télécharger ce qui se passe pour moi dans ta vie, et je suis frustrée parce que les mots sont plats à côté de ce que je veux transmettre.

Juste : le kif, c’est quand tu te prends ton intensité en pleine face, et que tu joues avec la réalité plutôt que monter des stratagèmes pas possibles pour la fuir.

L.