Je suis une personne qui se remet beaucoup en question. J’aime questionner ce qui m’entoure, ce que je fais, la façon dont je le fais. Si je sens qu’une situation ne me va pas, même un peu, je commence à avoir la bougeotte et à avoir envie de la faire évoluer.
Pendant des années, j’avais une relation de haine/appréciation avec ce trait de caractère. J’enviais les gens dont j’imaginais la vie « plus simple » : ceux qui restaient des années dans le même taf, le même couple, la même ville. Forcément, c’est moi qui avait un problème, à ne jamais être contente de ce que j’avais.
Je lisais l’inquiétude dans le visage de mes proches, quand ils commençaient à sentir l’ennui et les tiraillements internes chez moi. Une fois, en rentrant de Lyon, j’ai même eu un oncle qui m’a dit « ça fait plaisir de te voir, on pensait que tu faisais une dépression ». *urrrrhhhh*
Au fond, moi aussi je m’inquiétais. Pourquoi je ne pouvais pas me poser purée ? C’est quand même pas compliqué : tu choisis un truc que t’aimes, et puis tu t’épanouis. A la pause café, tu bitches sur tes collègues, tu comptes les jours avant les vacances, tu dis des phrases du style : « Comme un lundi » ou « Mercredi, plus de la moitié de la semaine de passée, ouais ! », mais tu es quand même contente et tu as l’air de savoir ce que tu fais.
Moi dans ma tête, ça ressemblait pas du tout à ça. Mais je n’assumais pas non plus de tout remettre en question tout le temps. Je ne trouvais pas que c’était une qualité, je voyais ça comme mon talon d’Achille ultime. Tout peut aller bien et puis… BAM ! une question fatale rentre dans mon cerveau et je ne peux plus ignorer qu’en fait, la situation n’est pas aussi idéale que j’essayais de me faire croire. A partir de là, ce n’est qu’une question de temps pour que je prenne une décision radicale.
Il y a quelques jours, au téléphone avec mon amie Flora, j’ai réalisé le chemin que j’ai parcouru en un an. Elle m’a dit « Mais grave, à part toi, je connais personne qui se bouge aussi vite que moi quand un truc la fait chier. » Il y a un an, je ne savais pas si je voulais garder ma boîte, je me disais que je n’allais jamais trouver ce qui me convient dans la vie, et j’habitais à Lyon, dans un appart entouré de béton et à 30 minutes d’un espace de verdure digne de ce nom.
Aujourd’hui je vis à Nantes, dans un endroit que j’adore, au bord de l’eau et à 5 minutes de la nature, je fais partie d’une équipe de coachs en plus de continuer à développer mon activité avec les Aventurières, et j’ai renoué avec mon côté artistique, ce qui m’excite beaucoup.
Mais tout ça, ce n’est que la surface, une photo en instantané de ma vie à un moment précis. Je pourrais te faire un instantané il y a trois jours, je pleurais en rentrant de stage parce que j’étais frustrée et insatisfaite. Ou il y a deux jours, je me levais la trouille au ventre parce qu’il y a des choses que je n’ai pas gérées depuis longtemps et qui demandent mon attention pronto pronto. Ou hier soir, j’étais à un concert pourri mais très drôle avec ma collègue et on se bidonnait sur nos sièges. Ce n’est pas dans les instantanés que tu vois l’image complète.
Ce qui a vraiment changé, au fond, c’est que j’utilise mon super pouvoir de remise en question à mon service. Je vois quand les trucs me saoûlent, et je m’offre le choix. Je déconstruis mon égo pour que mes décisions et mes observations ne soient plus au service de la survie mais de mes vrais désirs. Quand quelque chose ne va pas, je ne me dis pas « mais putain c’est pas possible, tu seras donc jamais contente », j’utilise mon observation pour créer une vie qui me ressemble de plus en plus.
Mon pire défaut est en train de devenir mon super pouvoir.
Je n’avais jamais reconnu cette qualité, donc je passais mon temps à l’utiliser contre moi. Note que je ne parle pas « d’aimer » ce trait de ma personnalité. Je parle de le reconnaître. Le voir, sans le juger bon ou mauvais, c’est le premier pas pour avancer vers moi.
Ce n’est pas la seule de mes qualités que je ne voyais pas et qui du coup me pourrissait. Autre exemple ? Je suis quelqu’un qui adore faire le show. J’ai un sens de l’humour très instinctif, rebondissant. Mais pendant longtemps j’ai détesté ça. C’est quoi ce talent « faire rire les gens », c’est le putain de lot de consolation des bonnes fées du berceau ou quoi ? « Tu seras pas compétente, mais au moins, tu pourras en rire ». Merci du cadeau. J’ai retourné ma légèreté contre moi, et j’ai voulu me faire rentrer dans des cases et des systèmes parce que ça me paraissait mieux, ou plus crédible. Résultat : inefficace et souffrant. Je détestais quand un de mes potes me disait « Toi de toutes façons, où que tu ailles, on se souvient de toi ». Je trouvais ça nul, la meuf qui accapare l’attention et qui écrase les autres.
Depuis un an, petit à petit, j’ai reconnu ma légèreté. Je ne l’ai pas aimée instantanément, je l’ai juste reconnue. Et ensuite je l’ai trouvée belle. J’ai eu envie de la laisser influencer tout ce que je fais. J’ai vu l’ambiance d’une pièce changer grâce à ce que je dis, et j’ai profité de ce moment. J’ai reconnu mon talent, et j’ai hâte de jouer avec de plus en plus.
Dans la vie tu as toujours le choix : soit tu te mens, auquel cas tu utilises ton énergie pour (te) détruire, soit tu reconnais la réalité, auquel cas tu récupères cette énergie pour créer.
Quand tu ne reconnais pas tes talents et ce qu’il y a de parfaitement unique et singulier chez toi, ils pourrissent, et ils te font souffrir.
La subtilité, c’est que c’est hyper difficile d’aller reconnaître ce qui est tellement proche de toi seule. Tu as besoin d’un système pour t’aider à reconnaître tes talents et à bosser sur l’égo et ton affirmation pour utiliser ton pouvoir de création. Mon système, c’est mon coach, mes collègues, la supervision, les gens dont je choisis de m’entourer (en personne ou en inspiration), et développer mes qualités d’observation et d’écoute.
Le tien, c’est quoi ?
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