En 2012, j’ai lancé un projet un peu fou. L’idée m’est venue la nuit, sous la forme d’un nom: Inspirational Friday. Mon but était de raconter la vie de femmes inspirantes, de ne pas se contenter de la jolie partie de l’histoire, la ‘success-story’, mais d’aller chercher tous les échecs, les moments de doutes, les ras-le-bol. De montrer que peu importe qu’on soit une chef de cuisine respectée, une mère à la force invincible ou une chef de multinationale, le chemin est parfois tortueux, mais que la passion en vaut la peine.
Je me disais que ça inspirerait d’autres femmes à se lancer, à ne pas avoir aussi peur de l’échec, à trouver en elles l’étincelle pour poursuivre un vieux rêve.
En moins de temps qu’il n’en faut pour dire ‘han, il est trop beau mon site web’, me voilà partie en Belgique, en France, en Géorgie… Une dizaine de personnes viennent travailler pour relire, prendre des photos sublimes, gérer les mails, mettre en ligne. Et puis à un moment, ce projet a dépassé mes capacités physiques. J’ai laissé trois interviews dans mon dictaphone que je n’ai pas pu écrire, des traducteurs motivés que je n’avais plus le temps de suivre et des photos abandonnées sur une dropbox.
J’avais un choix à faire : j’ai décidé de continuer ma vie professionnelle, au détriment de ce projet qui me tenait tant à cœur, et je l’ai laissé péricliter gentiment dans son coin de l’internet.
C’est là qu’est arrivé la méga-honte de l’échec : laisser les gens en plan, les interviews qui me narguaient dans un coin de mon ordinateur, la communauté de lecteurs qui commençait à grandir. J’avais l’impression d’avoir déçu tout le monde, d’être une moins que rien.
Et puis, petit-à-petit, j’ai fait un bilan un poil plus objectif : j’avais fait le choix de lancer un site bénévolement, réuni des personnes motivées, trouvé des femmes passionnantes et passé de longues nuits à écrire, promouvoir, mettre en ligne, corriger, prendre des contacts… Pas de quoi avoir honte de ce côté là.
Plutôt que de continuer à errer de temps à autre sur la page facebook de ce beau projet en m’autoflagellant à coup de carcasse de poulet sacré, je décide donc de faire mon coming-out sur cette expérience et de la voir pour ce qu’elle est : une belle leçon. Après tout, les interviews que j’avais faites montraient une seule chose : on devient inspirant parce qu’on ne s’arrête pas à ses échecs.
Pour finir d’exorciser ma déception, voici les 5 choses que j’ai apprises de ce projet abandonné :
1. La passion est contagieuse : si vous parlez avec un air illuminé, et à chaque occasion possible, de ce que vous voulez faire, vous donnez envie à tout le monde d’en être
2. Ne JAMAIS négliger le temps. Exemple : aller sur place : entre 1 et 2 heures (je ne compte pas l’avion pour la Géorgie) ; écouter et enregistrer l’histoire : 2 à 3 heures ; faire les photos : 20 à 30 minutes ; revenir chez soi : entre 1 et 2 heures ; réécouter et écrire : entre 2 et 3 heures ; mettre en ligne proprement : 1 heure ; faire la promotion de l’interview : 1 heure (et je faisais moins que ce que je ferais aujourd’hui). Une interview de A à Z : entre 9 et 11h. A un rythme hebdomadaire je vous laisse imaginer…
3. Demander de l’aide : les gens aiment être utile
4. Dire merci : je n’ai pas assez remercié certaines personnes qui ont participé à ce projet, par honte de l’avoir laissé en route. Il vaut mieux être honnête avec les gens et leur expliquer les choses plutôt que se terrer chez soi pour éviter d’affronter leur regard accusateur (les gens sont beaucoup plus compréhensifs qu’on ne se l’imagine)
5. Se pardonner : on n’est pas parfait, on ne fait pas toujours les meilleurs choix dans l’absolu, mais ce sont souvent les seuls qu’on puisse faire à chaud. Se pardonner, avancer, apprendre.
Ne laissez pas un échec vous enfermer, laissez le vous faire grandir. Vous ne voudriez pas priver le monde de votre génie pour un simple raté ?
Quel est votre plus grand échec et que vous a-t-il appris? Partagez dans les commentaires.
Photo : hans.gerwitz
merci de remettre l’échec à sa place Laure! En effet, il y a rarement (jamais?) d’échec, mais plutôt des opportunités que l’on ne poursuit pas, parcequ’on en poursuit d’autres, et des leçons qui s’apprennent en cours de route.