Jessica Abel est une auteure de comics que j’ai connue par son roman graphique sur les podcasts américains : Out on the Wire. C’est un de mes livres adorés de 2017 (oui, je lui ai envoyé un mail d’amour et oui, elle m’a répondu et je l’ai encore plus adorée après)
Elle vient de publier cet article (en anglais) intitulé :
« Il n’y a pas de gardien. Il n’y a pas de portail ».
En gros elle dit (je paraphrase) : Si tu crois que tu vas être douée tout de suite, ou que tu auras un jour l’impression d’avoir terminé, d’être prête, c’est mort, ça n’arrivera pas. Il vaut mieux s’habituer à ne pas se sentir prête et à y aller quand même.
C’est un thème qui me parle énormément, parce que depuis 3 ans je vois des femmes qui ont des projets, des envies, mais qui n’y vont pas vraiment parce qu’elles attendent… quelque chose. Un sentiment de sécurité, un critère objectif auquel se raccrocher. Un-e mentor-e qui dise « ah ouais c’est bien ce que tu fais vas y lance toi ».
Personne ne peut faire ça pour toi. Et même si la terre entière te disait « mais si c’est bien lance toi vas y », à la fin de la journée, tu es seule face à ta peur.
C’est toi qui décide d’y aller quand même. De parler quand même. D’écrire quand même. De publier quand même.
Ça fait 3 ans que j’ai compris une chose : plus ce que tu fais est important pour toi, plus tu flippes. Plus tu veux faire quelque chose, plus tu as envie de chercher des sécurités, des plans B et des versions ‘raisonnables’ de tes rêves parce qu’être débutante, c’est un truc qu’on désapprend très vite.
On s’en fout de savoir si tu as du « talent ». Je pense que le talent est une invention pratique pour les gens qui ne veulent pas faire face à leurs peurs. « Ah je peux pas, j’ai pas le talent ». C’est vraiment le mythe le plus minable qu’on nous ait mis dans le crâne.
Ça me met en colère parce que moi aussi, pendant des années, j’ai cru qu’il fallait avoir du talent pour faire les choses. Et comme je me trouvais « bof en tout, youpi en rien », pourquoi s’acharner ?
Allons faire les trucs qui nous tiennent à cœur sans se soucier de savoir si quelqu’un nous donne la permission ou si on a du talent. Sérieux : va écrire un mauvais poème, prendre une mauvaise photo, écrire un mauvais texte, dessiner une BD chiante, chanter une chanson nulle, enregistrer un podcast moisi et mal édité.
Et continue. Sors des trucs pas finis, pas prêts. De toutes façons tu ne trouveras jamais que c’est assez bon pour être montré. Fixe toi une date si ça t’aide, ou mets toi au défi de ne pas relire, ou de publier tous les jours, peu importe ce qui marche pour toi. Ne laisse pas les choses attendre dans des dossiers et des cahiers. Tu dis que ce sont des « brainstorms » ou des « brouillons », ce sont des cimetières.
Au milieu de toutes ces créations courageuses et imparfaites, tu vas gagner du respect pour ton travail. Tu vas gagner la persévérance. Réaliser que, peu importe ce qu’on te dit, tu as le courage de le faire et de te montrer, tu as déjà gagné. Et c’est là que le plus beau paradoxe de tout ça habite : c’est le seul chemin qui existe pour attraper ce fameux « talent » dont tout le monde parle.
Comme dit le poète Jack Gilbert « Tout ce qui vaut le coup d’être fait vaut le coup d’être mal fait ».
Je vais aller écrire un poème nul, tiens.
Bien Dit Laure ! C’est terrible ce perfectionnisme ! Ca nous paralise ! Merci pour ces notes remplies d’optimisme que tu nous ecris, on a beau se blinde l’esprit et se dire « roh allez stop ! Je m’arrete la, je publie mon article, j’ai pas l’ecriture du siecle, mais on s’en fou ». Mais petit a petit sans crier gare, la voix revient.
Alors de lire chaque jour une note positive comme les tiennes, ca permet de consolider l’esprit, de ne pas oublier 🙂
(D’ailleurs t’as vu, mon commentaire est blinde de fautes. J’ecris sur un clavier qwerty sans accents :p, mais on s’en fou !!!)
Brava ! Mais oui, il faut y aller même quand on a la trouille, c’est comme ça qu’on s’améliore 🙂