Un nouveau portrait dans la série des parcours d’entrepreneures et leurs conseils pour vous lancer.
Où sont les clés, où sont mes pompes, il est quelle heure déjà ? Vous êtes pressée, on vous la fait courte :
‘Tout le monde a des doutes. Entourez-vous de gens expérimentés, ça redonne confiance dans les moments.’
Qui dit ça ?
Jasmine de Wulf, entrepreneure par la force des choses.
Le parcours
Au commencement, il y a cette phrase mystérieuse d’un médecin, pendant une phase d’allaitement douloureuse : « pour laisser vos tétons cicatriser plus vite, il suffit de rester seins nus. » Même motivée pour allaiter malgré les crevasses, Jasmine ne se voit pas se promener seins nus du soir au matin. C’est comme ça qu’arrive l’idée, des années avant qu’elle ne se transforme en entreprise : mettre un peu d’air dans le soutien-gorge des femmes qui allaitent pour aider les crevasses à cicatriser plus vite.
Un produit sans entreprise
Après quelques expérimentations, Jasmine trouve le moyen de sauver ses seins sans ruiner sa vie sociale : des anneaux fabriqués avec des mouchoirs qui s’insèrent dans le soutien-gorge et qui permettent de laisser respirer les tétons. C’est encore rudimentaire mais ça fonctionne.
La première fois qu’elle montre son invention, c’est la rigolade : ses amies sont pour le moins dubitatives des effets miracles des anneaux en mouchoirs. Finalement quelques curieuses essaient, et c’est le plébiscite. Eureka ! Le produit reste loin d’être idéal : les anneaux s’écrasent, il faut les remplacer souvent. Dès que les enfants grandissent, Jasmine abandonne les kleenex dans un coin de sa tête et continue sa vie professionnelle.
Le Phoenix
Finalement, c’est une crise professionnelle et personnelle qui va donner naissance à l’entrepreneuriat. Après des passages par le salariat et le statut indépendant, un licenciement économique et un divorce laissent Jasmine dans une situation d’urgence. Elle a 4 enfants, pas de fortune personnelle, et vit dans un endroit isolé. A plus de 40 ans, le marché du travail devient un cauchemar « trop beau CV », « trop âgée », les excuses affluent, pas les offres d’emploi.
C’est comme un retour en arrière, d’une apparence de réussite totale, maison, piscine, job vers le chômage, les galères. Même si les décisions sont les bonnes, il n’est pas toujours facile d’assumer les conséquences.
En pleine recherche d’emploi, elle va voir une agence d’aide à la création pour reprendre dans le marketing en indépendante. Le conseiller bien avisé – quoiqu’un peu blasé sans doute – lui demande : « vous n’avez pas plutôt un produit à vendre ? »
Le grand saut
En repensant à ses années d’allaitement, le déclic se fait : il doit y avoir un moyen d’améliorer le premier prototype en mouchoirs pour proposer une vraie solution. Elle commence par 2 mois de formation en création d’entreprise et c’est parti. C’est un processus long, plus long que ce que Jasmine n’imagine : brevets, image de marque, promotion, etc. Mais la motivation est revenue, et plus rien n’arrêtera sa motivation.
Parfois les doutes s’immiscent, et des peurs surgissent : « peut-être que je ne suis pas faite pour ça. » Malgré les phases de doute, grâce à son entourage et sa persévérance, 2 ans plus tard, les choses commencent à être plus claires. Le produit sort à l’été 2013. Un an plus tard, une levée de fonds permet enfin à Jasmine de se verser un salaire, et d’embaucher quelqu’un. Les anneaux de sa marque, Skinoo, sont en passe d’être exportés dans plusieurs pays.
Ses conseils :
– Sécuriser quelques années d’avance : tout prend plus de temps qu’on ne l’imaginer
– Aller à la rencontre des autres. Tout est une succession de rencontres .Questionnez, écoutez, allez voir les gens.
– Faire ce qu’on fait de bien et qu’on a plaisir à faire. Ce qui vous prend de l’énergie, qui ne vous plaît pas, savoir le déléguer : il y a des gens qui adorent faire ça.
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