Il y a une semaine, je me suis achetée un ukulele.
Et après des heures à saigner des doigts dessus, il s’avère que je suis un génie et que je pars en tournée européenne pour l’été.
FAUX
En fait je joue comme une otarie à qui on aurait attaché les nageoires dans le dos, et dès que le rythme est plus compliqué que 1, 2, 1, 2 je chante super mal et décalé en plus (ouais, mes voisins m’adorent).
Pourquoi je te raconte ça ?
Parce qu’en musique, personne ne s’attend à ce que tu tapes des solos incroyables et que tu joues comme une déesse réincarnée au bout de quelques semaines, ni même quelques mois. On s’attend à ce que ça prenne des années, et tu sais très bien que quand tu commences un instrument, tu entames une histoire de longue durée, pas un coup d’un soir avec 4 cordes de nylon.
En business pourtant, c’est la fête à qui va clamer qu’il a tout compris le plus vite. On se félicite peu de bosser sur le long terme, de créer des choses qui demandent du temps, de l’affinage, de la patience et beaucoup d’exigence.
Limite c’est dégradant. Celui qui gagne, c’est celui qui se prend un million dans sa première ou deuxième année, c’est lui le winner, c’est elle, la star. Ceux qui vantent la retraite anticipée à 35 ans, et puis vendent les méthodes qu’il suffirait d’appliquer pour faire comme eux.
Je ne dis pas que ça ne fonctionne pas, mais je trouve ce rêve d’une tristesse sans fond. C’est la liberté par le vide : je veux un monde sans contraintes et sans défis, avec plein de thune et que du temps libre et pas trop de challenge. Un fantasme de mort quoi.
La jouissance, par contre, c’est d’aller à la rencontre des défis et de jouer le jeu d’être toi, branchée sur tes désirs et sur l’énergie qu’ils te donnent.
Ton business, même si c’est le truc le plus high tech qui soit, c’est de l’artisanat.
C’est un truc qui s’affine et qui s’intègre dans le temps.
Quand je vois deux de mes coachs, qui adorent ce qu’elles font et continuent par pur plaisir largement au delà de l’âge où tu es censée « avoir gagné le droit de te reposer », je vois de la jouissance. Du kif et de la vie. Je vois aussi une profondeur et une présence que tu ne peux pas acquérir en deux coups de cuiller à fric.
Tu ne peux pas tricher avec la vraie compétence. Et ça tombe bien, tu ne peux pas non plus tricher avec tes vrais désirs.
Laure
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