Un boulot de rêve dans un contexte moisi, ce n’est pas un boulot de rêve

par | Mai 12, 2015 | Trouver sa voie | 1 commentaire

Un jour, j’ai vu un wagon entier tomber amoureux d’un contrôleur SNCF.

Il est important de préciser que je n’ai aucune prédisposition pour les contrôleurs ou les hommes en uniforme. En plus je ne suis pas du tout fan des voyages en train, je trouve ça long, pénible, je finis invariablement dans le wagon avec les enfants en bas âges dont l’un fait ses dents et l’autre a chopé une forme rare de varicelle qui associe démangeaisons et crises d’hyperactivité hurlantes.

Enfin, j’ai fréquemment eu à faire à des contrôleurs odieux, qui se comportent comme des cowboys de la rame, brandissant le carnet d’amendes en moins de temps qu’il n’en faut pour expliquer que l’imprimante a merdé à la dernière minute, qu’après plusieurs dizaines de tentatives et une lutte acharnée, j’ai du me résigner à courir pour attraper le train, au risque, effectivement, d’être assise là, à ma place, mais sans pouvoir présenter le titre de transport en question. Oui, c’est vrai, j’aurais pu courir chercher un nouveau toner et payer un supplément de 700 euros pour sauter dans le prochain train mais bizarrement ce n’est pas l’option qui a été retenue par mon faible cerveau, mais merci pour l’amende, ça me servira de leçon pour la prochaine fois.

Rien ne prédisposait donc cet homme, qui fait un des métiers les plus ennuyeux sur l’échelle de ma propre définition de l’ennui, à provoquer des palpitations et briser la glace entre les passagers de ce banal Lyon-Paris en un sourire.

Etait-il sublime ? Le jumeau caché de Ryan Gosling ?

Un charisme ravageur à faire s’évanouir les foules ?
Que nenni. En fait une seule qualité le distinguait de tous les autres contrôleurs de ce monde : il faisait son boulot comme si c’était la chose la plus importante du monde.

Pour commencer, au premier passage dans le wagon, celui où vous êtes censée pouvoir signaler s’il y a un problème d’imprimante par exemple ou que vous n’avez pas pu composter, mais où vous ne voyez jamais passer les contrôleurs parce qu’ils ont développé une technique mi-camouflage mi-course à pied leur permettant de traverser un tgv entier sans être repérable par l’oeil humain; lui s’est arrêté à chaque siège pour dire bonjour aux gens, avec un grand sourire, un mot gentil de temps en temps ‘Vous êtes bien installés?’ et autres ‘Passez un excellent voyage.’

Rien que là, cette politesse inouïe et sincère a tiré les passagers de leur torpeur : on s’est échangés des regards amusés et ravis, certains ont regardé sous leur siège pour chercher la caméra cachée.

Et puis il y a eu le DEUXIEME passage, plus ingrat, du contrôle de billets (enfin ça dépend pour qui, j’imagine qu’un psychopathe tortionnaire qui a raté l’examen pour devenir huissier adorerait ce passage).

Là, notre contrôleur tombé du ciel s’est carrément surpassé : il a pris son temps, il a parlé avec tout le monde. Même ses collègues ne pouvaient pas s’empêcher de sourire d’une oreille à l’autre. ‘Ne vous dérangez pas, voilà c’est parfait, je vous souhaite un excellent voyage’, ‘N’hésitez pas à me dire si vous avez besoin de quelque chose’.
Quand il est sorti, il y a eu comme une bulle dans le wagon : tout le monde s’est regardé et on a ri. ‘Bonsoir, contrôleur le plus enjoué de l’univers’ a lancé quelqu’un (bon ok, c’était moi), et les voisins ont approuvé d’un grand sourire.

L’attitude avec laquelle on aborde son travail change tout.

Si vous pouvez trouver au moins une petite partie de votre boulot qui vous plaît (vos collègues, faire les plus belles présentations, poser des questions qui gênent pendant les réunions interminables, la machine à café, les pauses clopes?), le quotidien devient plus sympathique, et que par extension, même si pour le moment vous n’avez pas le job de vos rêves, bosser est un peu moins lourd.

Mais la morale de l’histoire n’est pas forcément celle que vous pensez. Si vous croyez que je vais vous dire d’aller en souriant affronter le boss qui vous terrorise, ou de chanter aux oiseaux le matin en allant pointer dans un boulot que vous détestez, vous ne pourriez pas être plus loin de la vérité. D’abord parce que j’ai essayé, sans succès, donc je serai mal placée pour vous le recommander. Ce n’est pas vraiment ma tasse de thé de conjurer l’ennui avec des grosses doses d’hypocrisie, et en plus c’est épuisant. Je préfère encore admettre que je déteste l’endroit où je suis, et chercher comment passer à autre chose. En avoir ras-le-bol est un signe important : ça ne sert à rien d’enterrer ça sous de faux sourires. Le plus important, une fois qu’on a les signes, c’est d’élaborer un plan. Les plans, surtout s’ils ont une date à laquelle vous savez que vous allez partir en claquant la porte et descendre les escaliers du bureau une dernière fois en dansant la Macarena, c’est l’antidote ultime à la morosité.

Se reconvertir ce n’est pas toujours changer de boulot, c’est parfois garder sa spécialité, mais changer la façon de le faire. Devenir indépendante, monter sa boîte, partir dans l’associatif, dans le privé, dans le public, à temps partiel, en nomade digital, etc. Les façons de travailler sont plus diverses et plus accessibles que jamais.

Avant de jeter le bébé avec l’eau du bain, la petite baignoire en plastique et le canard Hello Kitty, un diagnostic s’impose. Est-ce que c’est votre boulot qui vous déprime ? Ou simplement les conditions dans lesquelles on vous demande de l’exercer ?

Quand on tape Hello Kitty dans google images et qu’on trouve cette merveille…

On veut un travail qui nous plaise, qui ait du sens pour nous, mais on oublie parfois une pièce clé du puzzle : un contexte dans lequel on peut exercer ce métier sans avoir envie d’assassiner une famille de poussins tous les soirs en rentrant. Voire, comme ce contrôleur, on veut pouvoir illuminer la journée des autres humains avec lesquels on est en contact.

Quelles sont les situations dans lesquelles vous êtes naturellement enthousiaste, enjouée, à la limite de pousser la chansonnette ?
Est-ce que vous adorez être en contact avec les autres? Le travail d’équipe ? Ou est-ce que vous ne parvenez à supporter vos semblables que si vous pouvez passer de longues périodes seule ?
Vous préférez passer des heures à cogiter seule sur un projet avant de partager ou vous avez besoin d’une équipe de cerveaux créatifs autour de vous pour avancer?
Vous avez besoin d’horaires fixes ou vous adorez changer de rythme ?

[Tweet « Trouver sa voie, ça peut être changer de contexte, pas de contenu. »]

Si vous deviez décrire une journée parfaite, à quoi ça ressemblerait ?

Cherchez là où vous pourrez être la meilleure version de vous même (ou au moins d’épargner aux autres les pires recoins de votre faible nature humaine). Ca peut paraître abstrait comme exercice, mais la vérité c’est qu’on trouve plus facilement quand on sait ce qu’on cherche.

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1 Commentaire

  1. Je ne peux m’empêcher de penser au trajet de train le plus horrible jamais vécu :

    Belgrade => Sofia et un tyran en guise de contrôleur. Et ce n’est pas la faute à pas de chance ! Ce trajet est connu par les services secrets des forums voyage ! Sauf que j’ai lu les échanges du net seulement « APRES » coup. Si j’avais su j’aurai pris l’avion, car ces 14h m’ont marqué à vie !

    Alors, revenons à nos moutons.

    Finalement, travailler dur toute la journée de chez soi… c’est dur. Mais les côtés plaisants sont incomparables et ne laissent pas de traces d’aigreurs dans l’esprit du fait de ne pas avoir envie d’être là où nous sommes… souvent pendant des années.

    Mais je ne généraliserais pas non plus. Lorsque je travaillais dans un bureau, nombreux sont ceux qui me disaient être incapable de travailler de chez eux, ou en indépendants. Le contexte leur suffisait.
    Certains même me disent qu’ils détesteraient voyager et travailler en même temps.

    Réponse

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