Cette comptable, nous la connaissons toutes. Peut-être que c’est votre tante qui est médecin alors qu’elle rêvait d’être architecte. Votre collègue qui voulait être journaliste mais est devenue responsable commerciale. Vous même, bonne élève qui est passée sans problème de classe en classe, puis à la fac, puis dans vos boulots, vous savez que bien faire les choses peut être une malédiction. La vérité ?
Vous êtes accros à la bonne note.

Considérée comme ‘touche à tout’, vous êtes polyvalente (le mot magique de l’entretien d’embauche). Le hic? De votre côté vous avez l’impression de frauder en permanence. Si vous avez obtenu un concours, vous êtes à moitié persuadée que c’est grâce à une faute de frappe, une homonyme très intelligente, voire une erreur informatique en votre faveur. Quand on vous félicite, vous vous contentez de dire « j’ai eu beaucoup de chance ».
Au travail, vous avez souvent l’impression d’improviser, et de vous en sortir de justesse. Vous minimisez vos réussites, et vous vous dites ‘Un jour, quelqu’un va réaliser que je n’y connais rien et débarquer dans mon bureau avec un mandat d’arrêt pour ‘fraude professionnelle’ ‘. Vous avez même hésité à chercher sur google pour voir jusqu’où les charges pouvaient aller (nulle part).

Pour compenser la fraude, vous vous rendez irremplaçable. Vous voulez être élue ‘collègue la plus sympa’ mois après mois, mais aussi ’employée modèle’. Vous êtes celle qui fait les heures sup, aide les autres à finir, et prend le temps d’écouter les jérémiades des uns et des autres. Vous êtes passée maîtresse dans l’art schizophrène de la ‘glande perfectionniste’ (indice : un autre mot clé d’entretien d’embauche se cache dans cette expression, saurez-vous retrouver lequel?). Vous pouvez à la fois passer 4 heures (jours) d’affilée sur Facebook, puis travailler une semaine jour et nuit pour finir impeccablement de préparer votre réunion client.

Et c’est TRES FATIGANT.

En plus d’être épuisant, le résultat ne vous rassure jamais bien longtemps. Vous recommencez inévitablement à passer des heures à regarder des vidéos, vous vous sentez incompétente à nouveau, vous remettez un coup de collier, etc. En fait votre problème n’est pas l’incompétence, c’est l’inverse : comme cette comptable imaginaire de mon titre, vous vous épuisez à prouver que vous êtes douée pour un truc que vous n’aimez même pas faire.

Laissez-moi vous décoincer le chakra du 20/20 à l’aide de ce mantra que vous pourrez colorier ou coller sur votre miroir, recopier en rose avec des paillettes dans votre agenda, ou juste le partager sur Twitter et puis passer à autre chose, hein, chacun son truc :

[Tweet « La différence entre le travail bien fait et le talent c’est le plaisir. »]

Bien faire les choses, c’est ce que vous obtenez après des heures d’acharnement, de recherches et de mise en application. A la limite vous vous inspirez un peu à droite à gauche des gens qui font mieux que vous et puis ça passe. C’est pas mal, c’est propre, mais c’est pas à tomber par terre non plus. C’est ce qu’attendent la plupart des boîtes. Avoir du talent, c’est quand ce que vous faites brille, parce que vous vous êtes éclatée à le faire, on veut en savoir plus, on est captivés. Le talent peut vous intéresser à n’importe quel sujet (même les statistiques avec un accent suédois à couper au couteau). La différence n’est pas dans la technique, elle est dans la réalisation. C’est comme ça qu’on passe du ‘très bien merci.’ à ‘C’est génial vous êtes un génie j’en veux 200 tout de suite’.
Vous voulez plus de bon karma dans vos chakras ? Ou juste rire une fois par semaine en ouvrant ce mail et y trouver des conseils pour libérer votre génie ?
La rumeur dit qu’un ebook entier (ciel!) consacré à la reconversion professionnelle se prépare pour le mois de mars, exclusivement pour les abonnées.
PS : Voici le lien vers l’excellent TED Talk de Larry Smith (les sous-titres en français sont disponibles) duquel est tiré la citation