Puisque la rédaction sur mesure offre la liberté de modeler le fonctionnement de l’entreprise, il peut être utile de se pencher spécifiquement sur certains éléments souvent cruciaux dans un projet entrepreneurial féminin : la structure juridique ad hoc, la gouvernance, la gestion de la maternité ou des absences prolongées, ou encore l’approche en matière de flexibilité. Pour construire des statuts optimaux, je recommande en général de se faire accompagner d’un avocat ou d’un expert-comptable familier de l’entrepreneuriat féminin. Même si cela représente un investissement, vous éviterez bien des déconvenues par la suite.
Choisir la forme juridique adaptée
La première étape consiste à sélectionner la forme juridique la plus pertinente pour votre projet et votre situation personnelle. En solo, beaucoup de femmes optent pour la microentreprise pour sa simplicité, mais il est aussi possible de choisir une SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) lorsqu’on anticipe une croissance rapide, ou qu’on envisage d’ouvrir plus tard le capital à d’autres actionnaires. Pour des projets collaboratifs ou tournés vers l’économie sociale et solidaire, la SCOP ou l’association peuvent être envisagées. Dans tous les cas, les implications en termes de responsabilité, de protection du patrimoine personnel et de régime social doivent être soigneusement évaluées.
Par exemple, si vous prévoyez d’embaucher du personnel, d’effectuer des levées de fonds ou de vous associer avec d’autres femmes aux profils complémentaires, choisir la SAS (Société par Actions Simplifiée) peut vous offrir une flexibilité intéressante. Il sera alors essentiel de rédiger des statuts sur mesure pour :
- Déterminer clairement le rôle de la présidente ou de la dirigeante.
- Anticiper la possibilité d’émettre de nouvelles actions à l’intention d’investisseurs futurs.
- Gérer la transmission ou la recomposition du capital en cas de départ d’une associée.
Au contraire, si votre projet reste de petite taille, l’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et ses statuts personnalisés peuvent vous donner la protection d’une société tout en restant plus simple à gérer qu’une SASU. L’essentiel est de vous projeter dans la configuration de votre entreprise à moyen et long terme pour ne pas avoir à changer de forme juridique trop tôt.
Définir la gouvernance et la prise de décision
Dans bien des cas, les femmes entrepreneures placent au cœur de leur démarche la collaboration, l’écoute, le dialogue et la solidarité. D’ailleurs, selon certaines données, environ 56 % des femmes dirigeantes estiment que la participation active de l’équipe aux décisions est un élément important pour favoriser l’innovation et renforcer la motivation. Si c’est également votre cas, vos statuts doivent refléter la manière dont vous entendez partager l’information et prendre les décisions stratégiques.
Pour un projet entrepreneurial féminin, il peut être judicieux de mettre en avant un certain nombre de clauses dédiées :
• Clauses de concertation préalable : par exemple, rendre obligatoire une consultation des associées avant toute décision dépassant un certain seuil financier.
• Répartition des voix : un mode de calcul qui valorise l’implication et non seulement l’apport financier, si cela correspond à votre souhait.
• Possibilité de désigner un comité de pilotage : cette instance, composée de femmes proches du projet ou ayant des compétences spécifiques, peut être définie statutairement.
Là encore, la personnalisation des statuts vous permet de traduire votre identité entreprenariale dans des termes juridiques, pour que l’organisation corresponde pleinement à votre vision. Les femmes entrepreneures que j’ai pu accompagner sont souvent ravies d’avoir intégré, dès la création, des dispositions visant à soutenir la collaboration tout en préservant un leadership clair. Résultat : pas de flou diplomatique, tout est écrit noir sur blanc, ce qui évite bien des soucis.